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Un attentat déjoué : retour du réflexe d'unité nationale

Sommes-nous revenus au mois de janvier ? Avec les mêmes réflexes d’unité nationale ? François Hollande, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve font bloc et appellent tous les trois à l’unité nationale, sans dissonance et souvent avec les mêmes mots. Avec en arrière plan la loi sur le renseignement, décriée par certains.
Article rédigé par Olivier Bost
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Olivier Bost © RF)

L’exécutif a immédiatement retrouvé ses réflexes : conférence de presse, intervention, déplacement sur les lieux, point sur l’enquête. Cela donne le sentiment, et c’est normal, de revenir au mois de janvier.

François Hollande, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve font bloc et appellent tous les trois à l’unité nationale, sans dissonance et souvent avec les mêmes mots. Le chef de l’Etat comme le Premier ministre ont appelé à être rassemblés, unis et mobilisés.

Manuel Valls estime que la France fait face à une menace terroriste sans équivalent dans le passé. François Hollande y a ajouté un message plus politique, en direction de toutes les formations politiques :  "Nous devons toujours améliorer notre capacité de renseignements dans l’état du droit d’aujourd’hui et dans l’état du droit de demain ",  a déclaré le chef de l’Etat. Il fait référence à la loi sur le renseignement. Les députés vont l’adopter dans les jours qui viennent, puis les sénateurs en débattront à leur tour. Le message de François Hollande, qui a prévu de saisir le Conseil constitutionnel sur certains points, est qu’il faut adopter cette loi et qu’elle doit être acceptée.

La fin des critiques sur la loi renseignement?

Les opposants ou ceux qui ne sont pas d’accord avec certains principes du texte continuent de critiquer cette loi avec une démonstration. Dans cette affaire d’attentat déjoué les renseignements collectés, notamment les écoutes électroniques n’ont pas permis de manière préventive d’arrêter ce terroriste. Cela étant dit, il y a bien un front républicain qui se forme autour de cette question.

Nicolas Sarkozy, en déplacement à Nice, a estimé qu’il fallait accepter que "la sécurité prime sur un certain nombre de règles ".  "Il ne s’agit pas de renoncer à nos libertés, mais il y a un effort à faire " a aussi précisé le président de l’UMP. Nicolas Sarkozy n’a pas l’intention, dans ce nouveau moment grave, de formuler la moindre critique. Il a assuré le gouvernement du soutien de l’UMP si celui-ci va dans le sens "de la fermeté, de la vigilance, d’une mobilisation de tous les instants ". Nicolas Sarkozy peut-il dire autre chose ? Dès qu’il s’agit de terrorisme, de sécurité, on retrouve donc bel et bien un réflexe d’unité nationale.

L’unité nationale ne dure généralement pas très longtemps

On a beaucoup parlé et beaucoup écrit sur l’esprit du 11 janvier, sur ces grandes manifestations face à la barbarie et face au terrorisme. On a aussi vu que cet esprit était retombé. François Hollande et Manuel Valls avaient su faire face à l’évènement, en revanche ils n’avaient pas su transformer cela en nouvel élan politique. Qui se souvient des propositions de François Hollande lors de sa conférence de presse le 5 février où il avait proclamé qu’il voulait  "prolonger l’esprit du 11 janvier "?

Tout ce qui devait redonner du liant dans la société, recoller les fractures, a bien vite disparu. Les questions économiques, le chômage, l’échec des élections départementales ont repris le dessus. Et la cote de François Hollande qui avait fait un bond est retombée. Les mauvaises langues pourront donc dire que François Hollande et Manuel Valls, après avoir surfé sur la vague du 11 janvier, tentent de reprendre cette seconde vague. Celle de cet attentat déjoué. La vague du 22 avril.

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