Retraites et allocations chômage : les deux bombes à retardement du gouvernement
Il n'y a pas si longtemps, les socialistes ont mené une véritable guérilla parlementaire contre la réforme des retraites Fillon-Woerth. C'était au cours de l'été et de l'automne 2010. Ils ne voulaient pas de ce texte de loi trop contraignant, "anti-social" selon eux.
Alors, certes, à l'époque, avaient-ils raison quand ils affirmaient que rien n'était financé pour l'avenir. Et les voilà donc aux affaires, trois ans plus tard, avec un système au bord de la faillite comme l'a récemment avoué le conseil d'orientation des retraites. A François Hollande de gérer ce dossier désormais.
Comment faire des économies ?
C'est la question qui fâche. Le Président et son gouvernement n'ont pas autant de leviers qu'ils ne le pensent afin de combler les trous et assurer la pérennité du système.
Il y en a trois :
le relèvement de l'âge de départ à la retraiteles cotisations des actifsle montant des pensions Première option : François Hollande et consorts s'étaient prononcés contre les 62 ans. Ce serait une déclaration de guerre politique et syndicale s'ils allaient au-delà. A écarter donc.
Deuxième option : les cotisations ont déjà connu une hausse en 2012 pour financer le retour aux 60 ans de salariés qui peuvent partir à cet âge. Trop dangereux pour le pouvoir d'achat déjà méchamment écorné. A écarter également.
Dernière hypothèse : une baisse des pensions de retraites. Les syndicats y sont défavorables à moins que le gouvernement ne les amadoue en leur assurant que le dispositif ne sera que provisoire.
Or, on a déjà vu ça, le provisoire peut durer des années. Pour trouver un compromis acceptable par les acteurs et l'opinion, François Hollande mise sur une nouvelle série de concertations comme celles qui viennent de s'achever sur la flexisécurité. Mais il est fort probable que la future réforme des retraites, dite de gauche, ressemblera, non pas sur la forme mais sur le fond, à une réforme dite de droite.
Deuxième dossier brûlant : l'indemnisation des chômeurs
La Cour des Comptes met en garde contre les déficits de l'UNEDIC. L'endettement devrait atteindre 18 milliards d'euros cette année. Un verdict sans appel. La Cour des Comptes pointe de graves insuffisances. Droite et gauche en prennent pour leur grade.
Entre autres, lacunes dans la formation des chômeurs, résultats médiocres des contrats aidés, mesures de chômage partiel sous utilisées.
L'institution recommande de mieux cibler les efforts sur ceux qui subissent la crise. Pour redresser les comptes, peut-être faudra-t-il alors baisser les indemnités des plus aisés. Un débat qui s'est déjà déroulé dans notre pays. C'était en septembre 2011. Une idée de Bruno Le Maire, alors chargé du projet présidentiel de l'UMP. Ses amis et la gauche l'avaient étrillé : "Considérer aujourd'hui que les chômeurs coûtent trop cher, ce n'est pas ma conception de la solidarité ", avait alors expliqué un certain député du nom de François Hollande.
Un sujet politiquement sensible
Pour l'instant, le gouvernement n'a rien dit de ses intentions sur ce sujet. Et déjà, les premiers tirs de semonce de l'aile gauche du PS tonnent. Hollande et Ayrault sont prévenus. La sénatrice Marie-Noëlle Lienneman explique sur Twitter : "La cour des comptes a-t-elle pour mission d'être la gardienne du temple libéral ? Le gouvernement doit vite refuser cette baisse ".
La cour des comptes a t elle pour mission d'être la gardienne du temple libéral? Le Gvt doit vite refuser la baisse allocations chômage.
— MN Lienemann (@mnlienemann) January 22, 2013
Tout cela, en tout cas, complique sérieusement la tâche de l'exécutif qui entend inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année dans un contexte économique et financier moribond.
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