Présidentielle 2022 : Emmanuel Macron en campagne furtive
Premier déplacement du candidat Emmanuel Macron lundi 7 mars à Poissy, en région parisienne, pour deux heures d’échanges avec des Français.
Une question se pose : qui s'exprimait, lors de ce déplacement ? Le candidat en campagne pour sa réélection, ou le président en exercice ? Réponse : les deux !
Impossible de distinguer ces deux faces, ces deux visages qui donnent à Emmanuel Macron un petit côté Janus. "Président autant que je le dois, et candidat à chaque fois que je le peux", a-t-il expliqué hier. Lui-même s’en est amusé, faisant mine de ne plus savoir parfois s’il répondait comme président ou comme candidat. La mise en scène renforçait la confusion : des échanges policés avec un public choisi, des élus locaux, on aurait cru un remake du "grand débat" que le chef de l'État avait conduit il y a trois ans pour se sortir de la crise des "gilets jaunes". Et le contexte omniprésent, évidemment, la guerre en Ukraine, le premier sujet sur lequel Emmanuel Macron a été questionné hier par son auditoire.
Double casquette
Avec la situation internationale, l’organisation de son agenda de campagne est extrêmement compliquée. Mais la guerre en Ukraine permet aussi à Emmanuel Macron de mener une campagne furtive, entre deux coups de fil à Vladimir Poutine ou à Joe Biden. Des urgences qui justifient également de ne pas tomber dans la polémique avec ses adversaires : d’ailleurs, le président l’a confirmé hier soir, il ne débattra pas avec eux avant le premier tour, pas un seul de ses prédécesseurs sortants ne l’ayant fait avant lui, a-t-il rappelé…
Et puis cette double casquette présente un autre avantage : celui de lier un mandat à un autre. Exemple avec la promesse de supprimer la redevance télé, présentée comme la suite logique de la suppression de la taxe d’habitation mise en œuvre au cours du premier quinquennat. Même chose avec le "plan de résilience" que Jean Castex doit dévoiler dans quelques jours pour limiter l’impact de la guerre en Ukraine sur le pouvoir d’achat : l’occasion d’une petite rallonge, un nouveau chèque inflation, une prolongation du blocage du prix du gaz, à quelques semaines de l’élection…
Ses principaux adversaires handicapés par la guerre
Le principal risque que court le candidat Macron est sans doute l’excès de confiance, et la démobilisation de son camp qui croirait la victoire acquise. Là aussi, même si le candidat prenait davantage de risques, son principal atout réside dans son statut de chef d'État.
Plus la guerre dure et s’intensifie, plus elle gêne ses principaux adversaires Le Pen-Zemmour-Mélenchon, coupables de compromissions avec la Russie. En menaçant l’Europe, Vladimir Poutine est bel et bien devenu le meilleur rabatteur de voix d’Emmanuel Macron.
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