Cet article date de plus d'onze ans.

Peut-on gouverner sans plaire ?

La suspension de l'écotaxe renforce la conviction de ceux qui dénoncent les reculades du couple exécutif. Une décision qui ne devrait pas enrayer la longue descente de François Hollande et Jean-Marc Ayrault dans les sondages.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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" Gouverner
ce n'est pas plaire ". L'adage mitterrandien
est parfois brandi par les supporters de François Hollande pour expliquer que
le président de la République ne cherche pas la popularité à tout prix. Le chef de
l'Etat lui-même semble en avoir pris son parti dès son accession à l'Elysée.  François
Hollande envisageait une première année difficile, et ne s'inquiétait pas outre
mesure de sa popularité chancelante. Persuadé de
mener la politique qui mènerait à une inversion de la courbe du chômage, (il y
croit toujours)  François Hollande agissait comme si les mauvais sondages ne
constituaient qu'un mauvais moment à passer. Comme s'il
ajoutait une précision personnelle à l'adage, " gouverner ce n'est pas
plaire ", mais obtenir des résultats.

Mais la réalité impose un autre adage, il est
bien difficile de gouverner quand on ne plait pas.

Effectivement,
parce que quand on ne plait pas, on est mal compris. Et le moins
que l'on puisse dire aujourd'hui, c'est que ni François Hollande, ni Jean-Marc
Ayrault ne sont compris. Regardez le Premier
ministre qui suspend l'écotaxe pour renouer les fils du dialogue en Bretagne. Au lieu de
voir son sens de l'écoute salué, Jean-Marc Ayrault est décrié pour, au mieux, sa
faiblesse, au pire sa lâcheté, son aveuglement ou son absence de lucidité. Quand on ne
plait pas, tout ce que l'on dit, tout ce que l'on tente est mal interprété. Le couple
exécutif semble irrémédiablement uni et enfermé dans cette spirale.

Il faut donc savoir plaire pour bien gouverner...

Dans le
couple dirigeant, il faut au moins que l'un des deux bénéficie d'une certaine
capacité de séduction. Ce qui n'est
pas le cas de François Hollande et Jean-Marc Ayrault, leur profil politique est
identique. François
Mitterrand pouvait se permettre de produire cet adage, car le président ne
parlait pas de lui-même, mais d'Edith Cresson, sa Première ministre. La phrase de
François Mitterrand a tout juste 22 ans aujourd'hui, elle d'octobre 1991. La France plongeait
alors dans une crise sociale symbolisée par la violence des manifestations d'agriculteurs
et la mobilisation des infirmières. Le président
Mitterrand récusait les casseurs, et comprenait l'inquiétude des femmes en
blanc. Sa première
ministre n'était pas là pour plaire, certes, mais le Président lui jouait de son
charme élyséen.

Gouverner n'est
pas plaire, présider, un petit peu quand même.

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