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Manuel Valls prépare son avenir

Olivier Bost a suivi ce lundi et ce mardi Manuel Valls, Premier ministre, en déplacement à Nantes. Un chef du gouvernement déjà en mode préparation du Congrès.
Article rédigé par Olivier Bost
Radio France
Publié Mis à jour
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Franceinfo (Franceinfo)

Il suffit de jeter un œil à son agenda : aux rendez-vous des jours derniers et des jours à venir, Manuel Valls normalement n’a pas l’habitude de s’éterniser. En général quand il se déplace en France, et même en Europe, il ne passe quasiment jamais une seule nuit sur place. Depuis quelques semaines, les choses ont changé. Manuel Valls a dormi à Nantes,parce qu’hier soir il a pris le temps de dîner. Il a mangé et longuement discuté avec des élus socialistes de la région. Il y avait notamment son prédécesseur à Matignon, Jean-Marc Ayrault, avec qui ça s’est passé. Manuel Valls va au contact des socialistes et c’est une vraie stratégie en vue des mois agités qui l’attendent. Il veut aussi s’afficher en rassembleur. C’est dans l’air du temps.  Deux de ses amis, député et sénateur, ont lancé une invitation pour un apéritif convial demain à 150 parlementaires. L’idée, c’est d’avoir des députés et des sénateurs de divers horizons, pas seulement des proches de Manuel Valls. Il s’agit de ceux qui ont voté le budget et le pacte de responsabilité sans rechigner.

Bref, des parlementaires qui n’ont aucun problème avec la politique du gouvernement et qui à ce jour sont plus nombreux que les frondeurs. Il y a aussi des opérations de communication : L’équipe de Manuel Valls a autorisé des journalistes à suivre le Premier ministre pendant quelques jours pour un documentaire de 40 minutes qui sera diffusé dimanche après le journal de 13 heures sur France 2. Et il sera l’invité le soir au 20 heures sur la même chaîne. Dernier élément de son agenda : la semaine prochaine, il ira faire un discours à la Fondation Jean Jaurès. Un discours annoncé comme très important par son entourage. Il y sera question d’égalité, un sujet fédérateur et rassembleur, là aussi, à gauche.

Manuel Valls sera bientôt incontournable 

Dans 4 mois, il y a les élections cantonales, les départements, on n’en parle pas encore beaucoup pour l’instant.

Manuel Valls devra assumer l’échec très probable de sa famille politique. Il l’anticipe donc, car c’est inévitable, ils seront nombreux dans les rangs socialistes à lui faire porter le chapeau. Dans l’entourage de Martine Aubry, par exemple, certains envisagent même le départ de Manuel Valls de Matignon,après la déculottée électorale. Et c’est cette période difficile que prépare Manuel Valls. D’autant que les élections cantonales ne seront que la première chicane de l’année. Suivront le Congrès du Parti socialiste… puis les élections régionales. Le Congrès s’annonce comme un moment extrêmement délicat pour le Premier ministre. Inutile de vous le rappeler, Manuel Valls est ultra minoritaire au PS. Souvenez-vous de son score à la primaire : 5,63% des voix. Pour aggraver son cas, aux yeux de nombreux socialistes, il y a eu, il y a quelques semaines cette interview au Nouvel Obs où il fustigeait la gauche passéiste et où il appelait à une ouverture aux centristes.

"Une interview qui a fait beaucoup de mal "

C'est ce que confie un ministre. Si on résume, entre la politique du gouvernement, des élections catastrophiques et ses provocations, Manuel Valls prend le risque d’être celui qui va prendre la foudre au Congrès du PS en juin prochain.

Dans la posture du rassembleur 

Comme au PS rien n’est simple, les proches de François Hollande se méfient déjà d'une manoeuvre. Si Manuel Valls se poste en première ligne, il prend un risque. Les proches du chef de l’État veulent donc lui proposer, avec Jean-Christophe Cambadélis, une motion large, un peu comme en 2012 où, on l’avait oublié,  Manuel Valls et Martine Aubry s’étaient retrouvé sur le même texte. Cette fois-ci, Martine Aubry est en embuscade tout comme Benoît Hamon, les frondeurs, la gauche du PS, ils feront tous du bruit. c’est sûr, mais tout le problème pour Manuel Valls, c’est qu’ils ne deviennent pas majoritaires, qu’une grande coalition anti-Valls et anti-Hollande ne prenne le dessus.

En fait, Il ne faut surtout pas, pour le chef de l’État comme pour le Premier ministre que ce congrès 2015 ne soit pire qu’un Congrès de Reims ou celui de Rennes.  Deux références de choix dans l’histoire du PS. L’entourage du Premier ministre ne s’en cache pas, tout l’activisme de Manuel Valls,  ses entrevues, ses sorties publiques ont pour objectif de préparer le Congrès et très clairement, ça c’est moi qui le dit de lui éviter une très grosse déconvenue qui menacerait son bail à Matignon et son avenir.

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