Manuel Valls : Génuflexion Pour Autrui
Manuel Valls a pris les devants ce vendredi matin, dans les colonnes du quotidien La Croix , dont les lecteurs sont particulièrement sensibles sur le sujet. Le ton du Premier ministre se veut apaisant. La loi est votée et assumée, il n’est pas question de revenir dessus.
Mais il n’est pas question non plus de laisser l’opposition prospérer sur des ambiguités juridiques. Le gouvernement n’envisage pas ré-ouvrir le dossier de la procréation médicalement assistée d’ici la fin du quinquennat. Même si une bonne partie de sa majorité y est favorable. Il est encore moins question d’autoriser la gestation pour autrui, moins réclamée à gauche, au nom du refus de la marchandisation du corps.
Une ambiguïté juridique
Pourtant, l’ambiguité demeure sur les intentions du gouvernement. Tout simplement parce que ce doute politique repose sur une ambiguïté juridique. La GPA est interdite en France, mais cela n’empêche pas des couples d’y recourir à l’étranger et de revenir en France avec leur enfant. Reconnaître cet enfant qui existe revient à valider cette pratique, voire l’encourager aux yeux des opposants au mariage pour tous. Les juges se prononcent au regard de l’intérêt de l’enfant, même si de fait, ils prennent acte des conséquences humaines d’une pratique illégale.
Face à cette ambiguïté juridique, Manuel Valls a été envoyé au front pour clarifier la position du gouvernement. Le Premier ministre dit clairement refuser de donner le sentiment de "tolérer" ces pratiques. Le chef du gouvernement va même plus loin en réaffirmant que la famille constitue un "repère, un pôle de stabilité" en cette période de crise. Il se dit "intraitable" sur la GPA.
Une génuflexion qui peut être interprétée de deux manières
Manuel Valls a donc mis de l’eau dans son vin. En 2011, il envisageait la GPA comme "une évolution incontournable". Il plie le genou devant la "manif pour tous" en "assumant" son évolution, en disant parler non plus comme un candidat à la primaire présidentielle il y a trois ans, mais comme un Premier ministre s’exprimant au nom de la France. Manuel Valls se fait humble et apaisant.
Mais cette génuflexion peut être interprétée de deux manières. Soit les manifestants y voient un signe de faiblesse encourageant et relancent leur opposition. Soit ils y voient l’occasion de préparer la paix des braves sur une loi qu’aucun des prétendants de droite à l’Élysée ne prétend abroger. Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon se veulent tous apaisants et rassembleurs alors qu’ils accusent François Hollande d’avoir divisé et dressé les Français les uns contre les autres. Mais quand quelqu’un vous tend la main, le fait de refuser de la saisir peut être mal interprété par les Français, c’est sans doute l’intention du gouvernement avec cette génuflexion pour autrui.
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