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Les originalités de la majorité, de la "participation couleuvre" à la "rébellion existentielle"

L'info politique ce soir, c'est le vote du traité européen de stabilité à l'Assemblée. La majorité de gauche à fini par suivre le gouvernement, dans sa grande majorité, malgré quelques résistances. Ce texte a surtout été l'occasion de définir une pratique nouvelle de cette majorité diverse.
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Ils auront été 20 socialistes finalement à voter contre ce texte.
9 se sont abstenus. Sur un groupe de 279 députés, la rébellion reste limitée mais
quand même. Une vingtaine de députés socialistes a osé braver les consignes de
Matignon et l'Elysée, au risque d'affaiblir François Hollande. Le président de
la République salue aussitôt cette " gauche réunie, qui n'aurait pas
eu besoin des voix de la droite pour ratifier ce texte". C'est vrai,
arithmétiquement, les voix de la droite ne sont pas indispensables, mais pas
celles des radicaux et des rares verts ralliés à la cause. Le pouvoir
socialiste a beau jeu de se féliciter de ce rassemblement in extremis. Dans peu
de temps la ratification de ce traité sera derrière lui, mais l'épisode révèle
quelques inventions politiques propres à cette majorité.  

A commencer par le drôle de positionnement des
verts. Qui siègent au gouvernement, mais dont les députés ne votent pas les
textes les plus symboliques.

C'est une posture
nouvelle au sein d'une majorité. Il y avait eu le soutien sans participation,
il y a désormais la participation couleuvre. C'est celle des écologistes qui
participent activement au gouvernement. Dès sa nomination Cécile Duflot a
défendu un texte sur le logement, Mais ces ministres se taisent sur certains
sujets de discorde, ils avalent la couleuvre sans rien dire. Aujourd'hui, c'est
ainsi que se pratique la solidarité gouvernementale. Les militants et les
députés écologistes clament leur opposition au traité que défend le
gouvernement, les ministres écologistes n'en pensent pas moins, mais ne disent
mot. Et le plus fort, c'est que ça passe. Les voix de gauche étant suffisantes
pour faire adopter le texte, Le grand écart écologiste est accepté. optimisme.

Autre attitude étonnante, celle des députés socialistes, qui
votent contre le texte défendu par le président et le Premier ministre
socialistes.

C'est la
rébellion existentielle dans la majorité. Ils sont donc une vingtaine à avoir
voté contre. Et les hiérarques ne veulent y voir que l'expression des
préoccupations de jeunes députés en mal d'action. Il est vrai qu'en début de
mandat, après une présidentielle, le rôle des députés est assez réduit. Le
gouvernement réclame souvent l'urgence sur des textes qui correspondent, soit à
des promesses de campagne à respecter à la lettre, soit à des ajustements
impératifs suite à une situation de crise évolutive. La discussion constructive
avec la majorité parlementaire n'est donc pas vraiment de mise, d'où la volonté
de ces jeunes députés, de se faire remarquer des media. Rien de grave, veulent
croire leurs ainés. De toute façon, dans le cadre du quinquennat, la légitimité
siège à l'Elysée.

C'est un peu nouveau, cela, non ? la gauche accepte l'idée du
pouvoir présidentiel ?

C'est
le constat validé par François Hollande depuis un mois : le président de
la République, élu au suffrage universel est en première ligne, d'où le virage
du président normal au président de combat. C'est donc lui qui fixe le cap,
qu'applique le Premier ministre. Une fois tournée la page du traité européen,
François Hollande devrait reprendre les commandes via 2 gros rendez vous
médiatiques. D'abord une conférence de presse, au milieu du mois. Puis une
interview au quotidien Le Monde et plusieurs autres quotidiens de
référence en Europe. Le but, expliquer son cap, et la façon dont il entend y
arriver, avec deux mots d'ordre, lucidité et optimisme.

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