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Les départementales, une bombe à fragmentation

Dans moins d’un mois et demi nous voterons aux élections départementales. Ces élections, bien loin de l’esprit de janvier, risquent d’être un tremblement de terre aux multiples effets. Effets sur la force militante du PS, sur l’UMP et son "ni-ni", et sur le Front national.
Article rédigé par Olivier Bost
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Olivier Bost © RF)

Le premier effet totalement évident sera pour la majorité. Je prends trente secondes pour vous rappeler les projections : aujourd’hui, la gauche dirige 61 départements, 48 pour le seul Parti socialiste. Dans les hypothèses les plus optimistes, la gauche perdrait la moitié de ses départements. Dans les plus mauvaises projections, la gauche garderait 15 départements sur 100. Le mot défaite sera faible : à la fin mars, si un tel score sort des urnes, cela veut dire aussi que des milliers d’élus locaux perdront leur siège.

Autant de militants socialistes qui seront aigris et qui pourraient manquer pour les échéances suivantes : les régionales et après la présidentielle. Le premier effet donc d’élection catastrophique sur le Parti Socialiste sera un affaiblissement de l’appareil PS, de l’appareil militant. Les départementales ne seront donc pas seulement un mauvais moment pour la majorité.

Le FN pourrait troubler le jeu

Tout ceci est assez attendu : après tout, un parti au pouvoir qui perd des élections intermédiaires, rien de plus banal. Ce serait sans compter les autres effets… Le Front national entre les deux tours va troubler le jeu, tant pour la gauche que pour la droite. Et devrait certainement éliminer dans plusieurs départements des candidats PS, notamment là où la gauche est divisée. Automatiquement, avec le principe du Front républicain que continue d’appliquer le PS, ce serait alors l’UMP qui l’emporterait. Cette dernière va se retrouver avec son "ni-ni". Un "ni-ni" qui contrairement au Doubs pourrait bien permettre à des candidats Front national de l’emporter.

Là, ce n’est pas sur une élection que cela va se jouer, et le "ni-ni" va sûrement refaire débat au sein de la droite : il y aura donc un effet Front national, délétère pour la droite et peut-être à grande échelle… Au risque d’encore un peu plus normaliser le Front national dans l’électorat de droite. Là aussi, ce sont pour les échéances d’après que ces élections auront des répercussions : pour les régionales, la primaire, puis la présidentielle. D’autant que le 3ème tour des départementales risque d’être aussi un moment compliqué pour la droite.

Alliances naturelles…et moins naturelles

De fait, pour dégager une majorité, des alliances pourraient se créer, plus ou moins naturelles. En clair, dans des départements où les résultats seront serrés, des élus de l’UMP pourront être tentés d’aller chercher les voix des élus du FN pour conquérir ou garder le pouvoir. Des compromissions locales, puisque l’UMP est très claire sur le sujet : pas d’alliance avec le FN. Autant de compromissions qui risquent de salir l’image de la droite…

Quant à savoir si le Front national pourrait gagner des départements, la question reste sans réponse : les sondages ne sont pas nombreux et pas forcément très fiables. Mais l’hypothèse fait partie des craintes de la majorité. Autant les électeurs quand ils votent FN aux européennes, aux législatives ou à la présidentielle, ça n’a pas de conséquences concrètes pour eux. Mais les départements, eux, s’occupent de beaucoup de choses et notamment des aides sociales ou encore des collèges. Avec les quelques communes qu’il dirige, le Front national pourrait donc montrer ce qu’il fait vraiment dans des départements. Ce serait alors un autre effet de ces élections, et c’est … dans un mois et demi.

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