Familles : le raboteur a toujours tort
Evidemment, l'opposition est vent debout contre un
choix qui réduit les avantages fiscaux
de certaines familles.
" Les plus aisées " rétorque Jean-Marc Ayrault, soit
"12% des familles concernées ".
Mais pour la droite, il s'agit purement et simplement d'un nouveau
" matraquage fiscal " de la part d'un pouvoir de gauche qui
stigmatise les riches, mais " s'en prend aux classes moyennes ", insiste
l'UDI, Jean-Louis Borloo. " Une rupture du
contrat de confiance " dénonce Valérie Pécresse. Pour l'ancienne
ministre UMP, le gouvernement cède à " la
facilité des impôts ". La polémique se situe sur le plan idéologique, la gauche
étant perpétuellement renvoyée à ce penchant, augmenter la pression fiscale. L'argument est d'autant plus percutant, qu'en effet, réduire
des avantages fiscaux, revient à augmenter la facture fiscale des foyers
concernés. Le gouvernement a beau en appeler à la justice et la
solidarité, il revient donc sur son engagement de ne plus charger la barque fiscale.
Même si cet effort ne
doit concerner que les foyers les plus aisées, cela ne passe pas très bien.
Car en cette période de crise, les français ont tendance à
se replier sur eux-mêmes, en se sentant (eux-mêmes
ou leurs proches) assez mal lotis par
rapport à d'autres, plutôt que l'inverse. Quand le sentiment d'insécurité sociale gagne, quand l'avenir
devient incertain, il faut une bonne dose d'optimisme pour se dire que l'on fait
partie des privilégiés, qui doivent accomplir encore plus d'efforts. Il est bien plus admis de dénoncer ceux qui continuent de
tirer leur épingle du jeu, qui donnent le
sentiment de ne pas ressentir la crise. Personne ne se vante de coudre un
élastique sur son portefeuille. L'idée d'une réforme basée sur la justice a d'autant plus de
mal à passer qu'à gauche, les socialistes sont un peu seuls à défendre cette
réforme. Le Front de gauche saisit l'occasion pour poursuivre son
combat contre la politique d'austérité menée par le gouvernement. " une politique d'austérité à la petite semaine qui
mène dans le mur " s'insurge le
communiste Pierre Laurent. Quant aux alliés écologistes, ils se montrent assez timorés,
sur le thème : c'est un premier pas, il faut aller plus loin. Dans ce contexte, les mesures destinées aux plus modestes,
comme la hausse du complément familial pour les foyers en dessous du seuil de
pauvreté, ou la création de places en crèche, ne pèsent pas suffisamment lourd,
sur le plan symbolique, ou médiatique, pour équilibrer la balance.
Et finalement, il n'y
a que le MoDem de François Bayrou qui appuie franchement le choix du gouvernement.
Robert Rochefort assure qu'il s'agit de la moins mauvaise
des solutions. " Nous ne pouvons échapper aux efforts " explique
le vice président du MoDem. En reconnaissant une réalité que le gouvernement a du mal à
formuler : l'Etat n'a plus les moyens de continuer à mener une politique qui
ne distingue pas entre les revenus des familles. La solidarité passe par un
nouvel effort, et par des économies. Car au final, il s'agit bien de réduire
les dépenses de l'Etat. Mais le jeu ou les préjugés politiques sont tels que la
prise de position du MoDem semble plus relever du calcul politique que de la
conviction profonde, tandis qu'elle ne peut qu'alimenter la contrariété du
flanc gauche. En voulant à la fois réduire ses dépenses, tout en donnant
un tout petit peu plus aux faibles, et en prenant donc un peu plus aux moins
faibles, les socialistes font beaucoup de mécontents bruyants, et assez peu de
contents silencieux.
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