Famille : à la recherche du clivage perdu
L’idée vient des parlementaires socialistes. En cette période de crise, plutôt que de réformer le congé parental, les députés socialistes proposent de proportionner l’allocation familiale aux revenus du foyer. Une famille très aisée n’ayant pas forcément besoin de cette allocation pour élever ses enfants (moins en tout cas qu’une famille modeste), elle pourrait faire un effort.. Le gouvernement ne dit pas non, sans approuver pour autant. Mais d’ores et déjà, l’hypothèse suscite une levée de boucliers à droite, et à gauche, au parti communiste. La politique familiale est ancrée dans les esprits depuis son instauration, après la seconde guerre mondiale, quand il s’agissait de soutenir la natalité. Il s’agit d’un principe, universel, pour tous, et non d’une disposition sociale destinée à aider les plus démunis. Les socialistes se trouvent donc isolés sur le sujet. Isolés, et mis en accusation. La gauche n’aimerait pas la famille.
Des économies oui mais pas sur la politique familiale
Le slogan était inscrit sur des pancartes lors de la « manif pour tous » dimanche. Il est également fortement suggéré par Nicolas Sarkozy à l’occasion de son retour sur le devant de la scène politique. La gauche "a humilié la famille" s’est indigné l’ancien président de la République dès sa première prise de parole publique. L’instauration du mariage pour tous n’aurait eu d’autre conséquence que d’opposer les homosexuels aux familles. A entendre Nicolas Sarkozy, la gauche "présente la famille comme une notion rétrograde et bourgeoise" , alors qu’elle est "une nécessité vitale". A l’appui de cette démonstration, quasiment unanime à droite, le mariage pour tous, l’acceptation de la décision de la Cour de Cassation sur l’adoption d’un enfant issu de PMA au sein d’un couple de femmes mariées, ou celle de la cour européenne de justice sur la filiation d’un enfant né par GPA à l’étranger, ainsi que la volonté de faire des économies sur la politique familiale. L’UMP réclame bien des économies supplémentaires, mais pas sur la politique familiale. C’est donc sur la politique familiale que peut se faire la différence entre la gauche et la droite ? Le distinguo a le mérite de la clarté. Il permet également de fédérer les oppositions.
Quand la droite juge que le gouvernement a tout faux parce qu’il ne taille pas assez dans les dépenses, elle endosse le costume d’un monsieur plus pas très séduisant. Dire que la gauche n’en fait pas assez, cela revient quand même à creuser le même sillon dans la même direction. La seule différence et de vouloir le creuser plus profond. Vue de loin, la nuance n’est pas spectaculaire. Pire, elle permet à Marine Le Pen d’associer les deux partis de gouvernement. A l’inverse, en critiquant l’idéologie de la gauche en matière familiale, la droite ouvre son propre chemin et recrée un clivage. La posture est beaucoup plus confortable. Et cela d’autant plus que la gauche n’a pas su formuler son propre discours en matière de philosophie de la famille.
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