F. Hollande : une conférence de presse superflue ?

C’est l’un des sujets de conversation des journalistes, analystes, et autres experts en stratégie politique :à quoi peut bien servir cette conférence de presse présidentielle, alors que le Premier ministre a tout dit hier, et que  Nicolas Sarkozy va tout dire d’ici la fin de la semaine. Entre le  remaniement, le livre de ValérieTrierweiler, le terrorisme international, l’affaire Thevenoud, la persistance de la crise économique, et la gaffe d’un ministre réputé techno (Emmanuel Macron) pour finir, François Hollande n’a que des coups à prendre lors de cette conférence de presse : toutes les questions le mettront en position défensive.

Le plus simple aurait sans doute été de reporter l’exercice, en prenant prétexte de la confiance renouvelée à son Premier ministre. Mais François Hollande a tenu à maintenir ce rendez-vous, dont le principe avait été confirmé cet été. Et rien que cette affirmation donne le sourire à ses conseillers. Un sourire en direction de Nicolas Sarkozy qui avait promis des conférences de presse présidentielles régulières, mais qui ne s’était pas tenu à cette discipline.

Reprendre une posture présidentielle 

Quel que soit le contexte, même s’il lui est très défavorable, François Hollande tient à ce grand rendez-vous démocratique avec la presse, supposée transmettre les préoccupations des Français. Mieux que cela. Depuis qu’il s’est enfermé dans son bureau pour rédiger lui-même son propos liminaire, en demandant de temps en temps quelques éléments ou précisions à son cabinet, François Hollande est à son affaire. Il a travaillé dans un journal le Matin de Paris, à la fin des années 80, et il adore deviner les questions des journalistes, et leur concocter des réponses habiles. C’est un exercice qui le revigore, et en ce moment, c’est plutôt bienvenu. Mais, sur le plan politique, c’est sa relation avec les Français qui a besoin d’être revigorée.

François Hollande en est conscient. Il sait aussi que sa parole n’est pas  audible. Mais, comme il est optimiste, François Hollande va tenter patiemment de retisser ce lien, en essayant de reprendre une posture présidentielle.

Cela passe par l’affichage de sa complémentarité avec Manuel Valls.

Le Premier ministre a développé les questions économiques hier, le président ne devrait pas apporter de précisions particulières, le chef de l'Etat veut plutôt s’illustrer sur les sujets régaliens : les crises internationales, le terrorisme, l'Europe,

les institutions, et notamment la transparence (en rappelant sans doute qu’il voulait aller plus loin que les députés). Ajouté à ça les dossiers qu’il veut associer à son quinquennat, l’éducation, la jeunesse, la cohésion sociale.

Rien de bien nouveau donc… et c’est cela l’information : pas d’annonce, mais un président que l’avalanche de crises tombées sur son dos laisse égal à lui-même. Il est solide. Même pas mal.