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Édito
Projet de loi immigration : de la majorité aux oppositions, chacun se revendique du camp du "bon sens" !
Au Sénat, la majorité de droite a durci le texte sur l’immigration. Des débats passionnés cette semaine. Les débats sont comme toujours passionnés quand un gouvernement légifère sur ce thème politiquement explosif, ce qui arrive très souvent. C'est aussi le cas au Sénat, une assemblée pourtant d’ordinaire plus paisible. Mais le contexte est lourd, marqué un peu partout en Europe par une poussée migratoire et une montée parallèle de l’extrême droite. Résultat, cette année, plus encore que les fois précédentes, la majorité et les oppositions s’arrachent un même totem : chacun se revendique du camp du "bon sens" !
À commencer par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin au nom d’une formule qu’il a souvent répété, il veut "être méchant avec les méchants", les délinquants étrangers qu’il veut expulser, et "gentil avec les gentils", les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension qu’il entend régulariser. Sauf que son propre bon sens politique, ou plutôt arithmétique, la quête d’une majorité, le conduit à céder à la droite qui détricote son texte, par exemple en transférant aux préfets la régularisation, "à titre exceptionnel" de sans-papiers. C’est au nom de ce même prétendu "bon sens" que la droite réclame, en chœur avec l’extrême droite, un référendum sur l’immigration. Un débat qu’Emmanuel Macron lui-même entend ouvrir à terme. Lui aussi sans doute pour répondre à un réflexe de "bon sens" qui consiste à vouloir consulter les Français.
Réalités économiques et aspirations de l'opinion
Le même argument est utilisé par l’autre camp. C’est, par exemple, celui qui incite le patron de l’Union des métiers des industries de l’hôtellerie, Thierry Marx, à plaider pour la régularisation de sans-papiers sans lesquels son secteur ne peut pas tourner. Le même ressort conduit la gauche à s’indigner de la réduction du champ de l’aide médicale accordée aux sans-papiers, une décision qui risque de créer une dangereuse crise sanitaire pour les intéressés, et au-delà dans le pays, comme on l’a vu en Espagne il y a quelques années.
Au fond, ce totem du "bon sens" brandi par tous montre que sur l’immigration, les responsables politiques sont en quête de boussole. Ils cherchent d’abord à coller à ce qu’ils pensent être les aspirations de l’opinion. Pas simple quand celle-ci est elle-même, selon sondages, divisée selon les mesures en cause. Signe que l’immigration est un sujet complexe qui recoupe des situations humaines très diverses, loin des slogans simplistes clamés par les démagogues.
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