Édito
Pour quelles raisons Marine Le Pen accuse-t-elle Emmanuel Macron de fomenter "un coup d'État administratif" ?

En employant le terme de "coup d'État administratif", Marine Le Pen met la pression pour montrer à quoi pourraient ressembler les rapports avec le chef de l'État après le second tour des législatives.
Article rédigé par franceinfo
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Marine Le Pen, leader du Rassemblement National (RN lors du premier tour des élections législatives à Hénin-Beaumont, dans le nord de la France, le 30 juin. 2024. (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

À l’approche du second tour des législatives, Marine Le Pen s’est fendu, mardi 2 juillet, d’une lourde charge contre Emmanuel Macron. Elle a carrément accusé le chef de l’État de fomenter "un coup d’État". Rassurez-vous, pas un coup d’État militaire, mais un "coup d’État administratif", c’est sa formule. Une accusation grave. Selon la cheffe de file de l’extrême droite, Emmanuel Macron nomme en ce moment de nombreux hauts fonctionnaires à des postes clefs pour qu’ils  "empêchent, à l’intérieur de l’État" Jordan Bardella "de mener la politique que les Français veulent". Une sorte de cinquième colonne en quelque sorte..."Coup d’État administratif", la formule a fait bondir l’Élysée qui a appelé Marine Le Pen à faire preuve de "sang-froid" et de "mesure"

Le conseil des ministres de la semaine dernière a donné lieu, c’est vrai, à un mouvement de nominations. Celles du gouverneur militaire de Paris, du nouveau chef d’état-major de l’armée de l’air, de quelques recteurs et de trois ambassadeurs. Emmanuel Macron a aussi annoncé sa volonté de voir Thierry Breton reconduit à son poste commissaire au sein de l’exécutif de l’Union européenne, ce qui exaspère le RN. D’autres nominations sont attendues aujourd’hui, un rythme un peu plus soutenu que d’ordinaire. Mais même Éric Ciotti, le nouvel ami de Marine le Pen, l’a reconnu mardi : "ça s’est toujours fait" à l’approche des élections. Rien d’anormal donc, et surtout rien d’illégal.

L’article 13 de la Constitution stipule que c’est le président de la République qui nomme aux emplois civils et militaires en conseil des ministres. L’Élysée ajoute que ces mouvements se succèdent, notamment l’été, depuis 66 ans et l’instauration de la Ve République.
Au passage, Marine Le Pen se contredit puisqu’elle accuse Emmanuel Macron de vouloir entraver la marche d’un gouvernement RN, et répète en même temps que Jordan Bardella refusera que le même Emmanuel Macron le nomme à Matignon s’il n’a pas de majorité absolue.

Une cohabitation de combat

Marine Le Pen met la pression sur le chef de l’État pour montrer à quoi pourrait ressembler une cohabitation entre le RN et Emmanuel Macron, ce serait une cohabitation de combat. Pas de quartier, pas de pitié pour le chef de l’État. La semaine dernière, Marine Le Pen s’attaquait à l’article 15 de la Constitution en réduisant son titre de chef des Armées au rang de titre "purement honorifique". Mardi, c’est l’article 13, le pouvoir de nomination du Président, qu’elle remet en cause. Comme si avant même d’être aux affaires, le RN contestait déjà le fonctionnement des institutions. Pas sûr que cette attitude rassure ceux qui s’inquiètent de l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir.

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