Édito
Législatives 2024 : une nouvelle étape dans la décomposition du paysage politique français

Le patron de LR Éric Ciotti a provoqué un séisme mardi au sein de son parti en appelant à rejoindre le Rassemblement national. Il s’agit d’une rupture radicale avec 40 ans d’Histoire de la droite. Quant à la gauche, l'union annoncée pour les législatives paraît fragile après des mois de tension.
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Eric Ciotti  (au centre) quitte le siège de LR à Paris pour les élections législatives, le 11 juin 2024. (SERGE TENANI / HANS LUCAS)

Explosion à droite, secousses à gauche, le séisme de la dissolution, annoncée dimanche 9 juin par Emmanuel Macron, n’en finit pas de provoquer des répliques. Une nouvelle étape, et celle-ci décisive, de la décomposition du paysage politique enclenchée par l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. Quand il était à Matignon, Édouard Philippe avait une formule pour commenter le ralliement d’élus de droite à la majorité : "la poutre travaille…", disait-il. Depuis dimanche, c’est le plafond, le plancher, et même les fondations qui ont cédé à droite. Il faut dire que le chef de l’État a balancé un bâton de dynamite, la dissolution, sur une maison LR déjà bien branlante après 12 ans de défaites électorales successives. Éric Ciotti a donc achevé la droite en souhaitant une alliance avec le RN. Une décision condamnée par la quasi-totalité des cadres, dirigeants et parlementaires de LR.
 
Il s’agit d’une rupture radicale avec 40 ans d’Histoire de la droite, 40 ans au cours desquels Jacques Chirac, Alain Juppé, Philippe Séguin ou Nicolas Sarkozy ont refusé toute forme d’entente avec l’extrême droite, au nom de la défense des valeurs du gaullisme et de la République. Éric Ciotti enterre cet héritage et il l’a décidé seul, sans consulter personne ni aucune instance, suscitant l’indignation de Gérard Larcher, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau et tous les leaders du parti qui l’accusent de  "trahison", de "mensonge" et réclament sa démission de la présidence de LR. 

Sur le fond, c’est un peu moins surprenant tant sur l’immigration, l’islam ou la sécurité, Éric Ciotti parle depuis des années comme Marine Le Pen, et il n’est pas le seul à droite. Il offre donc à l’extrême droite une caution, le logo LR, et sans doute une partie de ses électeurs. Et il achève ainsi ce qui reste d’une droite qui ne sait plus où elle habite.

À gauche, des interrogations

Pour la gauche, c’est à peine plus clair. Insoumis et socialistes se sont traités de tous les noms pendant des mois, mais ils réaménagent sous le même toit le temps de la campagne, la maison Nupes, rebaptisée "Nouveau Front populaire". Au passage, la direction du PS humilie son ex-candidat, l’euro-député Raphaël Glucskmann, abandonné au profit des Insoumis, qui n’ont cessé de l’attaquer pendant des semaines. Les socialistes risquent de perdre aussi une partie de leurs électeurs hostiles à l’accord avec Jean-Luc Mélenchon. Les graves crises politiques ont aussi un côté positif : elles aident à distinguer les responsables politiques qui ont encore des convictions, et ceux qui n’ont plus que des intérêts.

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