Édito
L’invitation du rappeur Médine aux universités d’été des Verts et des Insoumis continue de faire des vagues

La polémique sur l'invitation du rappeur taxé d'homophobie et d'antisémitisme lors des rendez-vous politiques d'Europe- Écologie les Verts et de la France insoumise provoque de nombreuses réactions.
Article rédigé par franceinfo - Benjamin Sportouch
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le rappeur Médine en concert au Havre, le 11 mars 2023. (JULIE DESBOIS / MAXPPP)

Cette invitation du rappeur Médine sera certainement ce qui fera le plus parler, fin août, lors de ces deux rentrées politiques, au regard des textes sulfureux et des positions prises par le rappeur. Au risque d’ailleurs d'éclipser tout le reste du programme. 

Il faut rappeler ses faux pas. Pelle melle : sa volonté de "crucifier les laïcards", ce sont ses mots, ses nombreuses photos où on le voit faire une quenelle, ce geste antisémité popularisé par Dieudonné, un tweet très ambigü, jeudi 10 août, en réponse à l’autrice Rachel Kahn, ou bien encore des propos ouvertement homophobes quand il estime que l’assimilation ce serait accepter de se comporter comme une “tarlouze." Mais, parce qu’il faut toujours regarder une œuvre dans sa totalité, d’autres chansons sont aussi des combats nobles. Celle, par exemple, en hommage au commandant Massoud assassiné par les talibans ou cette autre célébrant le gynécologue congolais Denis Moukwezgue qui "répare” les femmes violées.

Pour autant, les bonnes actions ne pouvant pas excuser les autres. Les Verts et les Insoumis seraient du coup bien inspirés d’annuler l’invitation ? Pas du tout, maintenant que c’est fait, ce serait contre-productif. Médine pourrait s’en servir comme le signe d’un ostracisme. Il a déjà commencé à l’invoquer dans un tweet jeudi en réponse à ses détracteurs. Le désinviter pourrait aussi s’apparenter à une défaite de la pensée. Encore faut-il que cette pensée serve à placer ses interlocuteurs face à leurs erreurs, leurs errements, leurs dérapages. 

Confronter les opinions, éviter l'esquive

Les Verts et les Insoumis feraient œuvre d’utilité publique en revenant avec Médine sur ces mots, ces paroles qui choquent à juste titre. Lui permettre, pourquoi pas, de faire amende honorable. Est-ce envisageable pour eux ? C’est là que le bât blesse. Ce qu’on a entendu jusque-là dans la voix des responsables verts et insoumis ne porte pas à le croire. Par exemple, jeudi, dans un message sur le réseau X, anciennement twitter, la députée insoumise Mathilde Panot invitait joyeusement ses followers à assister à cette rencontre avec Médine pour parler notamment du “rapport entre la musique et le militantisme” ou bien encore “de la lutte contre l’extrême droite”. Pas un mot sur ce qui est reproché au rappeur. Et c’est bien regrettable. 

Ce serait l’occasion, par exemple, de lui demander ce qu’il entend lorsqu’il dit dans l’une de ses chansons: “On fête les émeutes comme tu fêtes la Toussaint”, un mois et demi après les violences que l’on a connues dans le pays. Le débat politique, ce n'est pas un tribunal. C’est la confrontation des opinions, l’expression de ses désaccords, le rappel des valeurs communes. Mais surtout pas le contournement ou l’esquive. Au risque sinon de cautionner l’inacceptable, de justifier l'injustifiable. Au risque de la compromission.

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