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Édito
Hommage à Robert Badinter : les raisons qui poussent sa famille à refuser la présence du RN et de LFI
Emmanuel Macron préside, mercredi 14 février, un hommage national à Robert Badinter. Une cérémonie où la présence des élus du RN et de la France insoumise n’est pas souhaitée par la famille du défunt. Un choix compréhensible au regard du parcours de l’ancien garde des Sceaux. Pour ce qui est du Rassemblement national, Robert Badinter, l’homme qui a aboli la peine de mort, dépénalisé l’homosexualité, ou encore supprimé les quartiers de haute sécurité dans les prisons, a été la cible de la haine de l’extrême droite pendant des décennies.
En 1983, Jean-Marie Le Pen défilait sous ses fenêtres, place Vendôme, après le meurtre de deux policiers, aux cris de "Badinter assassin, Badinter au poteau !". Les dirigeants du FN le surnommaient "l’avocat des assassins" ou "le ministre de la délinquance". À chaque fait divers, les journaux d’extrême droite le couvraient d’injures souvent à caractère antisémite. Marine Le Pen a repris ce flambeau anti-Badinter en réclamant le rétablissement de la peine de mort jusqu’en 2017. Depuis, elle a dit tout… et son contraire. Elle a évoqué un référendum d’initiative populaire, avant de l’abandonner, tout en déplorant que l’abolition de la peine de mort ait fait "s’effondrer la chaîne des peines", comme le prétendait Jordan Bardella lundi sur franceinfo.
Le RN absent, les Insoumis représentés
Le RN voulait participer à cet hommage parce que Marine Le Pen juge que toutes les occasions sont bonnes, tous les symboles utiles à récupérer pour grimer le RN en parti inoffensif et fréquentable. Comme lorsque lorsqu’il s’est glissé en queue de cortège de la marche contre l’antisémitisme en novembre. Cette tactique qu’elle a baptisée "dédiabolisation" ne marche pas à tous les coups. Et quand on lui claque la porte au nez, comme mardi, Marine Le Pen fait profil bas. Pas de polémique, surtout ne pas se faire remarquer, le RN sera donc absent mercredi.
Les Insoumis, eux, seront représentés. Ils ont décidé de passer outre les souhaits de la famille du défunt, ce qui n’est pas très élégant. Ce conflit-là est plus récent. Robert Badinter et son épouse, la philosophe Élisabeth Badinter accusent Jean-Luc Mélenchon d’avoir trahi la laïcité pour se compromettre avec le communautarisme et l’islamisme. En 2022, l’ex-garde des Sceaux lui reprochait aussi, face au "danger Le Pen", de ne pas avoir clairement appelé à voter pour Emmanuel Macron au second tour. Le chef de l’État qui songe, si la famille est d’accord, à faire entrer Robert Badinter au Panthéon. Il y retrouverait notamment Simone Veil, autre cible historique de la haine de l’extrême droite et de la famille Le Pen.
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