Édito
Drapeau palestinien brandi à l'Assemblée nationale : la tactique de LFI est-elle habile ou contre-productive ?

En pleine séance de questions au gouvernement, Sébastien Delogu a agité, mardi, le drapeau palestinien dans l'hémicycle, après une intervention d'une autre députée de La France insoumise, sur l'offensive israélienne à Rafah, où une frappe meurtrière sur un camp de déplacés palestiniens a suscité l'indignation internationale.
Article rédigé par franceinfo
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Sébastien Delogu, député du groupe La France Insoumise, LFI sort un drapeau palestinien lors de la séance de questions du gouvernement, à Paris, le 28 mai 2024. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS)

Un député Insoumis des Bouches-du-Rhôme, Sébastien Deloglu, a provoqué mardi 28 mai un incident à l’Assemblée nationale en brandissant un drapeau palestinien. Une provocation qui vaut à son auteur 15 jours d’exclusion du Palais-Bourbon. Cet élu LFI, déjà sanctionné à l’Assemblée, est un adepte des coups d’éclat. Il sera d’ailleurs jugé fin juin pour "violences volontaires" après la plainte des responsables d’un lycée marseillais à la suite de heurts survenus lors d’un blocage. Mais cet incident illustre surtout la stratégie des Insoumis, qui font de la cause palestinienne le sujet quasi-unique de leur campagne européenne. Quitte à importer au sein de l’hémicycle, l’agitation qu’ils attisent déjà sur les campus. 
 
Ce mode d’action correspond à leur attitude dans l’hémicycle, où ils multiplient les happenings depuis 2022. Ensuite la surenchère de LFI vise surtout à mettre en difficulté Raphaël Glucksmann. Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis accusent la tête de liste socialiste d’être "complice des massacres commis par Nétanyahou" parce qu’il refuse de les qualifier de "génocide". LFI a érigé en figure de proue la militante franco-palestinienne Rima Hassan, candidate en 7e position sur la liste européenne. Celle-ci n’a de cesse de fustiger le "colonialisme" d’Israël qu’elle accuse de mener une "politique d’apartheid" et "d’épuration ethnique". Elle a même affirmé ces derniers jours, je la cite, qu’"Israël dans sa forme actuelle ne survivra pas". Et elle qualifie de "monstruosité sans nom", non pas Benyamin Nétanyahou ou la politique de son gouvernement, mais l’État d’Israël lui-même.

La volonté de Jean-Luc Mélenchon de "tout conflictualiser"


Cette radicalisation peut-elle être efficace ? Électoralement, on verra le 9 juin. Pour l’heure, Manon Aubry est larguée dans les sondages par Raphaël Glucksmann. Pour la cause palestinienne, on peut en douter. Il est normal de s’indigner de toutes les victimes civiles innocentes à Gaza, comme de celles du 7 octobre en Israël. Il est légitime de réclamer la reconnaissance de la Palestine, comme l’ont fait l’Espagne, la Norvège ou l’Irlande; comme il est légitime de considérer que ce n’est pas le moment, tant que la bande de Gaza est aux mains du Hamas, qui prône la destruction d’Israël. Emmanuel Macron a répété, lui, mardi qu’il reconnaîtrait la Palestine quand ce sera "utile" et pas "sous le coup de l’émotion". Mais l’hystérisation des débats voulue par LFI, fidèle à la volonté de Jean-Luc Mélenchon de "tout conflictualiser", c’est une menace pour notre démocratie. Dans la rue, comme au Parlement où chaque outrance des Insoumis sert la stratégie de dissimulation de Marine Le Pen et déroule le tapis rouge à l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite.

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