:
Édito
Crise migratoire : un duel se met en place entre Gérald Darmanin et Marine Le Pen
Le ministre de l’Intérieur, très ferme, assure que la France va "aider l’Italie à tenir sa frontière pour empêcher les gens d’arriver". Dans cette nouvelle crise migratoire qui secoue l'Europe depuis l'arrivée de réfugiés sur l'île de Lampedusa, Gérald Darmanin n’entrouvre la porte que pour les "demandeurs d’asile persécutés dans leur pays". De l’autre côté, la patronne du groupe des députés du Rassemblement national répète que "pas un migrant de Lampedusa ne doit mettre les pieds dans l’hexagone". Pas même donc ceux qui fuiraient la guerre ou la torture et seraient éligibles au droit d‘asile, une traditon ancrée dans l’histoire de notre République.
Marine Le Pen espère tirer un profit politique de cette crise et c'est la crainte de l’exécutif. C’est ce qui explique la fermeté de Gérald Darmanin. Marine Le Pen surfe sur les images des réfugiés qui s’entassent à Lampedusa, pour dénoncer sur tous les tons le naufrage de l’Union européenne. Au passage, elle accuse même le pacte européen sur les Migrations et l’Asile d’imposer aux États d’accueillir des migrants sous peine d’amende. Pourtant ce pacte n’est pas entré en vigueur, les négociations patinent depuis trois ans. C’est là que l’on mesure que cette crise migratoire est aussi une épreuve pour la crédibilité de Marine Le Pen.
L'immigration avec ou sans l'Europe
Elle juge "vain et dangereux" d’en appeler à l’Union européenne et assure que la France, claquemurée derrière ses frontières nationales, pourrait gérer seule ce défi migratoire. C’est pour ça qu’elle réclame un référendum sur l’immigration : elle veut s’affranchir de l’Union européenne, sans… en sortir. Bizarre.
Au fond, Marine Le Pen tient le discours de Giorgia Meloni quand elle était dans l’opposition. Une fois au pouvoir, la cheffe du gouvernement italien a compris que la gestion des flux migratoires impose de coopérer avec ses voisins et avec Bruxelles. En Europe, un seul pays est allé au bout de cette logique nationale du seul contre tous, c’est le Royaume-Uni. En 2016, le slogan des partisans du Brexit, c’était : "Take back control", reprendre le contrôle du pays et d’abord des frontières. Sept ans plus tard, l’immigration au Royaume-Uni bat des records avec l’entrée cette année de plus de 600 000 étrangers.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.