Édito
Comme tous les étés, Marine Le Pen disparaît des écrans radars

La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale se fait très discrète depuis la fin de la session parlementaire.
Article rédigé par franceinfo, Hadrien Bect
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Marine Le Pen lors de la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 18 juillet 2023. (FRED DUGIT / MAXPPP)

À peine les premières chaleurs arrivées, la session parlementaire achevée, plus de sons, plus d'image. Marine Le Pen s'évanouit dans la nature, ou plutôt en Bretagne, à La Trinité sur Mer, le fief familial. Et ne comptez pas sur elle pour envoyer ce que les politiques aiment beaucoup des cartes postales de vacances. La chef des députés RN, déteste ça. Tout juste a-t-on eu droit à une poignée de tweets depuis la fin juillet. 

Le silence érigé au rang de stratégie 


Marine Le Pen a toujours assumé le fait de disparaître de cette manière. Elle a besoin de vacances et encore elle les a raccourcies. Avant, le RN pouvait s'assoupir, parfois jusqu'à la mi-septembre, groupe parlementaire oblige. C'est moins vrai aujourd'hui. Mais, il y a toujours cette théorie au sein du parti nationaliste que rien ne sert de s'agiter quand ce n'est pas le moment et que, de toute façon, les évènements plaident pour eux. Explication facile et un peu courte, pouvait-on entendre chez certains ex-cadres du parti ces dernières années, qui voyaient plutôt dans cette longue pause de Marine Le Pen, une preuve qu'elle serait incapable de se donner les moyens de ses ambitions présidentielles.

Marine Le Pen en est convaincue, les Français la connaissent. Inutile de profiter du calme de l'été pour se placer. Alors, le silence, c'est même devenu une stratégie le reste de l'année. Stratégie payante, il faut le reconnaître, que ce soit sur les retraites ou dernièrement, après la mort du jeune Nahel. Façon de surtout ne pas prendre de risques pour éviter les coups. 

La bataille des européennes en perspective


Dans ce silence, Marine Le Pen prépare aussi sa rentrée. Un silence d'autant plus nécessaire qu'après trois présidentielles, le risque de lasser existe. Se taire, c'est donc aussi créer de l'attente, du désir. Il en faudra pour 2027. C'est valable d'ailleurs pour les électeurs, mais aussi pour Marine Le Pen. Et puis plus immédiatement, ça permet de travailler. Comment négocier l'année parlementaire qui arrive ? Les députés vont-ils parvenir à montrer qu'ils servent à quelque chose ? Jusqu'ici, ce n'est pas vraiment le cas. Et puis va très vite s'engager la bataille des européennes, là où certains au RN en sont convaincus, le clivage de 2019 a vécu. Rappelez-vous, mondialistes contre patriotes, progressistes contre nationalistes. C'est évidemment en fonction du point de vue que vous prenez.

Ce clivage sera sans doute aussi celui de la prochaine présidentielle. De fait, les frontières sont redevenues à la mode, le protectionnisme aussi. Il faut donc voir si ce clivage doit évoluer, même si le silence est confortable, la prise de parole risquée. Marine Le Pen va donc bien devoir trancher. La stratégie de la dérobade, si elle devient trop visible, risque de finir par toucher ses limites. 

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