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Édito
Après le drame de Crépol, la surenchère de la récupération politique
L’attaque d'une dizaine de jeunes contre un bal populaire, de la nuit de samedi à dimanche 19 novembre dans le petit village tranquille de Crépol, dans la Drôme a déclenché une surenchère de récupération politique. Le drame a de quoi frapper les esprits puisqu'un jeune homme de 16 ans a été tué et huit autres ont été blessés. Les policiers traquent les agresseurs en fuite, l’enquête commence à peine, mais il n’a fallu que quelques minutes à l’extrême droite pour la résoudre.
Une "razzia", un "massacre" commis par des "barbares", le résultat d’une "guerre de civilisation" ou encore un "francocide", ce sont les termes utilisés pêle-mêle par Marine Le Pen, Éric Zemmour, Marion Maréchal ou Jordan Bardella. Le chef des Républicains, Éric Ciotti, dénonce-lui, "une tuerie commise par des racailles". L'identité des agresseurs de Crépol est cependant encore inconnue.
Une récupération politique qui ne date pas d'hier
L'extrême droite qui tente de surfer sur un tragique fait-divers est une pratique très ancienne. Dès les années 80, des cadres du Front national épluchaient la presse quotidienne régionale à la recherche d’auteurs de crimes aux patronymes étrangers et Jean-Marie Le Pen les jetait à la vindicte de son public dans ses meetings.
Le but est toujours le même, attiser l'émotion, certes légitime, et tirer d’un fait-divers des conclusions politiques pour stigmatiser l’immigration et les immigrés en général, avec toujours la prétention d’être les seuls à dire la vérité alors que les médias la cacheraient aux Français. C’est évidemment faux, tous les journaux, toutes les radios et toutes les chaînes de télévision traitent du drame de Crépol, mais en s’en tenant aux seuls faits connus.
Cependant, l'écho de ces polémiques a changé et la caisse de résonance est démultipliée. Il suffit désormais d’un tweet et de quelques minutes pour hystériser les échanges sur les réseaux sociaux. Une pratique dont l’extrême droite n’a pas le monopole. Le 20 novembre, les dirigeants insoumis choisissaient, eux, de s’indigner sur la plateforme X d’une agression raciste survenue dans le Val-de-Marne.
À chacun sa victime et à chacun sa clientèle électorale en quelque sorte. Quand les élus se transforment en influenceurs en quête de buzz pour satisfaire leur communauté, l’intérêt général disparaît et la politique elle-même perd ce qui lui restait de légitimité.
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