Édito
Anniversaire de l’élection de François Mitterrand : 43 ans après, quel est l'état de la gauche ?

Aucune commémoration n'est prévue au Parti socialiste pour célébrer cet anniversaire. Après l'éclatement de la Nupes, personne ne semble aujourd'hui en mesure de fédérer naturellement toute la gauche.
Article rédigé par Benjamin Sportouch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Jean-Luc Mélechon (à gauche) leader de la France insoumise et Olivier Faure (à droite), premier secrétaire du PS, réunis lors d'un meetinf pour les élections législatives, à Caen, le 8 juin 2022. (VINCENT MICHEL / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

Le 10 mai 1981 François Mitterrand devenait le premier président socialiste de la Ve République. Quarante-trois ans après, c’est un souvenir très lointain y compris pour le Parti socialiste qui n’a rien prévu de particulier pour cet anniversaire.

Cet oubli ou tout au moins cette absence de commémoration en dit aussi long sur l’état d’esprit de la gauche. Une gauche incapable de se projeter dans une victoire à la présidentielle. Et avant même une victoire, se projeter dans une union durable comme l’avait inauguré François Mitterrand puis bien plus tard Lionel Jospin et sa gauche plurielle de 1997 à 2002.  

La Nupes est désormais morte et enterrée, si tant est qu’elle ait vraiment existé au-delà de l’entente électorale qu’elle fut pour les législatives de 2022. Cela peut paraître anecdotique mais le fait même de ne pas savoir s’il faut dire Nupes ou Nupès portait en germe les divergences idéologiques profondes qui existent entre ses différentes composantes. En caviardant un peu l’adage de Boileau, on pourrait dire ce qui se conçoit s’énonce et se prononce clairement. Le ver était dans le fruit. Les émeutes de l’été dernier puis le conflit israélo-palestinien ont eu raison de cette union emmenée par Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis. Le PS, les écologistes et les communistes ont repris leurs billes. Alors certes ces trois-là se parlent toujours mais rien ne dit qu’ils arriveront à se mettre d’accord sur un programme et des candidats communs. L’élection européenne où chacun part dans son coin en est la preuve évidente. 

La question de l'orientation à donner 

Le score de Raphaël Glucksmann le 9 juin prochain pourrait-il changer quelque chose ? S’il est vraiment en tête des formations de gauche, cela peut avoir une incidence. Essentiellement sur l’orientation. Raphaël Glucksmann incarne davantage une sociale démocratie dont s’est éloigné le PS d’aujourd’hui. Un bon score de l’eurodéputé recentrerait le PS. Mais il n’est pas sûr que les communistes et les écologistes s’y retrouvent. On est loin d’une nouvelle fédération de la gauche. Une chose paraît à peu près certaine : elle se ferait sans les Insoumis. 

À ce stade personne alors pour fédérer naturellement toute la gauche. Certains s’y verraient bien, François Ruffin, par exemple, qui continue à parler avec d’autres “unionistes” de la gauche comme on les appelle. Un autre homme y croit, oui vous lisez bien c’est François Hollande. L’ancien président multiplie les déplacements sur le terrain et il n’exclut rien. Il se dit même qu’un bon score de Raphaël Glucksmann pourrait servir son ambition d’une gauche centrale et non pas radicale. Plus encore si le clivage gauche/droite se réactive après la fin de l’ère Macron. Bref c’est loin d’être fait. L’union fut un miracle, elle reste à ce jour un mirage.

 

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