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Édito
Affaiblie et tiraillée entre l'extrême droite et la majorité, à quoi sert la droite ?
Les Républicains se choisiront un nouveau président début décembre. Trois candidats s’affrontent, les députés Eric Ciotti et Aurélien Pradié et le sénateur Bruno Retailleau. Et on peine à entendre, et même à situer, la droite.
Encore six semaines sans chef et toujours la même question pour Les Républicains, six mois après la débâcle de Valérie Pécresse : où va la droite ? "Droit dans le mur", comme le disent les mauvaises langues ?
Il faut reconnaître que la semaine qui s’achève ne leur donne pas forcément tort. La preuve par deux événements marquants. D’abord la récupération politique du meurtre de la petite Lola. L’extrême droite s’en est emparée, et d’abord Eric Zemmour et son parti Reconquête qui ont participé jeudi soir à une manifestation à Paris. Marine Le Pen et le RN ont renoncé à s’y associer, non sans avoir vivement interpellé le gouvernement sur sa politique d’immigration. Quant aux élus LR, nombre d’entre eux ont d’abord repris la rhétorique zemmourienne. À commencer par Eric Ciotti, le favori de la compétition interne, qui a reçu hier le soutien officiel de Laurent Wauquiez. Il a finalement jugé la manifestation d’hier soir "inopportune", car les parents de la petite victime n’y étaient pas favorables.
Mêmes hésitations sur le débat budgétaire
D’un côté, les députés LR ont fait passer une poignée d’amendements au projet de loi de finances, par exemple sur le plafond des tickets-restaurants ou l’allègement de la fiscalité des petites entreprises. De l’autre, ils ont la plupart du temps bataillé contre le gouvernement. Mais sans aller jusqu’à déposer une motion de censure ou annoncer qu’ils voteraient celle du RN ou celle de la Nupes.
Il y a au moins deux raisons à ce grand écart : d’abord, la droite n’est pas flambante et les députés LR n’ont pas du tout envie de retourner rapidement aux urnes. Or si le gouvernement tombe, Emmanuel Macron dissout l’Assemblée et convoque des législatives. Et puis, sur le fond, sur le plan idéologique, cette droite affaiblie est tiraillée entre deux forces plus puissantes. Sur les questions régaliennes, l’immigration et l’insécurité, elle est aspirée par l’extrême droite. Sur les sujets économiques et sociaux, en revanche, elle penche du côté de la majorité.
Bref, les Républicains ne savent plus vraiment où ils habitent et leurs oscillations reposent inlassablement la même question : à quoi sert encore la droite ?
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