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Ecoutes : une polémique, deux terrains

L'UMP est passée à l'offensive. Après avoir dénoncé l'acharnement dont était victime Nicolas Sarkozy, l'opposition vise ouvertement François Hollande.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Pour être
compris en politique, il faut être simple. L'affaire des
écoutes est compliquée. Elle repose sur
deux enjeux discutables. Nicolas Sarkozy
a-t-il, par l'intermédiaire de son avocat, bénéficié de fuites illégales dans
des affaires le concernant ? Pour le
démontrer, les magistrats eux-mêmes, ont-ils bien respecté la loi ?

La première
question s'intéresse au fond du dossier, révélé par la presse. Pour progresser,
elle suppose d'autres révélations sur une instruction en cours. Ce qui ne peut
être réalisé sans violer le secret de l'instruction.

La seconde
soupçonne les intentions du pouvoir politique.  Les successeurs de la droite au
pouvoir, cherchent-ils à écarter leur adversaire via ces mises en cause
judiciaires ?

Il suffit de
poser la question pour jeter le discrédit sur le pouvoir en place. La
contre-attaque de l'UMP est d'autant plus efficace que des avocats réputés de
gauche relayent ce questionnement en s'indignant du fait qu'il soit légal
d'écouter un avocat.

Et c'est le
gouvernement qui se retrouve dos au mur.

Il ne peut que
se défendre d'être intervenu dans le cours de la justice. Il n'y a eu aucune
" immixtion " assure Jean-Marc Ayrault. Christiane
Taubira avait reçu une synthèse de ces interceptions téléphoniques le 26 février
précise le Canard Enchainé ce soir. Le gouvernement
a pu savoir que Nicolas Sarkozy avait été placé sur écoute, cela ne veut pas
dire qu'il l'ait décidé et ordonné. Mais le
distingo s'avère compliqué à expliquer, et donc peu convaincant. La majorité
parlementaire en est réduite à dénoncer une manœuvre de diversion, en suggérant
que le fond du dossier concernant Nicolas Sarkozy mérite d'être
creusé. L'exécutif n'a
qu'une solution, faire le dos rond. Tout ce
pourrait  dire le gouvernement ou l'Elysée concernant le contenu du dossier
alimenterait le soupçon sur son intérêt politique à voir les déboires
judiciaires de Nicolas Sarkozy mis sur la place publique.

D'où
l'attitude de François Hollande mettant en avant sa préoccupation pour l'emploi
des jeunes.

C'était la
photo de ce matin à l'Elysée. Quand les
avocats et les députés de l'opposition tonnent et le somment d'intervenir sur
cette question des écoutes judiciaires, le président de la République prend la
pause au milieu de jeunes bénéficiant d'un contrat d'avenir.

En privé,
auprès de visiteurs du week end à l'Elysée, le chef de l'Etat s'est montré
plutôt agacé par ces affaires. Leur tempo
perturbe son calendrier. La semaine
dernière, de son point de vue, il s'est montré efficace sur le dossier
ukrainien, il a obtenu la signature du pacte de responsabilité. Une étape
déterminante pour la réussite de son quinquennat. L'information
n'a pas fait la une, regrette François Hollande auprès de ses visiteurs, Plutôt
que sur ces questions institutionnelles qui pénalisent toute la classe
politique, Il préfèrerait s'illustrer sur le terrain économique.

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