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De l'écoute au recul, le revers de la méthode hollandaise

Les Bretons ne désarment pas, ils veulent le retrait pur et simple de l'écotaxe. L'objectif leur parait d'autant plus réaliste que l'exécutif a plusieurs fois donné le sentiment de reculer face à la pression. Un problème de méthode qui risque de poser de plus en plus de difficultés à François Hollande.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Jean-Marc
Ayrault dit vouloir " recréer les conditions du dialogue ".

" Être
capable d'écouter un pays fragile, c'est aussi une vertu " plaide son
ministre de l'économie...

Tous les
deux tentent de défendre une nouvelle méthode expérimentée par François
Hollande : la recherche du consensus, par la concertation. L'exercice fonctionne
plutôt pas mal avec les organisations syndicales quand il s'agit de s'entendre
sur un dossier embourbé depuis des années, comme la réforme du marché du
travail, ou celle des retraites. Ça coince un
peu, au niveau des parlementaires, dont l'action législative parait rognée par
ces accords dont ils ne peuvent bouleverser l'équilibre global. Ils se sont accommodés
de la situation en maugréant, mais c'est passé.

En revanche, ça coince quand il s'agit de
fiscalité.

Parce que la
 décision n'est  pas précédée de grandes rencontres en forme de
concertation, la discussion se fait en marchant ce qui conduit à des
ajustements ou des renoncements en forme de reculs. Plusieurs exemples
l'attestent : comme la taxe sur l'excédent brut d'exploitation, remplacé
par une surtaxe temporaire de l'impôt sur les sociétés. Autre exemple,
la taxation sur le diesel, réclamée par certains socialistes, et qui ne verra pas
le jour avant 2015, éventuellement. C'est aussi
le taux de la TVA qui reste à 5.5, La taxe à
75% qui sera payée par l'employeur, et non 
le salarié, Ou encore les
prélèvements sur les PEA ou les PEL auxquels le gouvernement a renoncé ce week
end.

Pour l'exécutif,
il ne s'agit pas reculs, mais d'une écoute attentive et pas bornée des
différents acteurs. Admettons. Le problème,
c'est que cette façon de faire diffère tellement des habitudes françaises, qu'elle
conduit à encourager les blocages. Au lieu d'apparaître
ouvert, l'exécutif parait faible et influençable. D'où le
sentiment de pouvoir le faire céder, à condition d'exercer une pression
suffisante. Les bretons
affichent leur détermination. Les clubs de football aussi. Et chacun est aujourd'hui
persuadé que François Hollande et Jean-Marc Ayrault finiront par céder.

Ce qui pose un réel problème au pouvoir, face
au " ras-le-bol fiscal ".  

Très clairement, car ce ras le bol existe, et toute
annonce d'impôt risque désormais de se heurter à une démonstration de force de
ceux qui s'y opposent. Ce qui
pourrait bien conduire à une impuissance fiscale du gouvernement, sauf à taxer
les silencieux, ce qui pourrait nourrir un sentiment d'injustice.

Comment en sortir ?

Ce n'est pas
facile. La question c'est
comment le pouvoir peut-il démontrer qu'il n'est pas faible. Souvent cela
se traduit par une certaine raideur face aux pressions. Cela peut
donner Alain Juppé " droit dans ses bottes "...

Et cela,
cela ne passe pas forcément très bien non plus.

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