Révolution dans le Nord Pas de Calais
C'est une belle idée à
laquelle on a envie de croire. Parce qu'elle a été l'une des
premières régions à connaître la crise, le Nord Pas de Calais
voudrait être la première à entrer dans la troisième révolution
industrielle. Cette semaine, le Conseil régional a annoncé son plan
stratégique pour sortir de l'économie classique, basée sur les
énergies fossiles et les grandes usines, et sa volonté de se
tourner vers une économie propre et les petites unités de
production.
Le concept de " troisième
révolution industrielle " est défendu par un économiste
assez célèbre, un américain dénommé Jérémy Rifkin, qui
conseille aussi bien l'Union européenne que des chefs d'Etat
comme Angela Merkel. Son idée est relativement simple à énoncer. A
l'entendre, notre ancien modèle économique est à bout de souffle
et va notamment butter sur une impasse énergétique. Une issue
inéluctable selon lui compte tenu de l'augmentation de la
population mondiale, des taux de croissance des pays en
développement, et de l'épuisement des champs de pétrole les plus
facilement exploitables.
Un nouveau modèle
économique va donc selon lui se mettre en place, basé sur l'alliance des
énergies propres et des nouvelles techniques de communication, au
premier rang desquelles on trouvera bien sûr Internet. Et c'est ce
modèle que la région Nord Pas de Calais prétend être la première
à appliquer. Comme le dit le plus ardent défenseur de ce projet,
l'ancien ministre Philippe Vasseur, devenu le président de la
chambre de commerce et d'industrie de la région: " Nous
avons été les rois de la première révolution industrielle. Nous
avons souffert de la deuxième. Nous ne voulons pas rater la
troisième. " Et c'est pourquoi il a convaincu les élus de
missionner Jérémy Rifkin pour aider la région à réussir cette
transition.
Le problème, évidemment,
est de passer du propos général à l'application concrète, et
c'est là que les choses se compliquent. L'exemple le plus
souvent cité est celui du bâtiment. On pourrait imaginer que,
demain, les logements, conçus de manière plus écolo, produisent
davantage d'énergie que celle dont ils ont besoin. Ce surcroît
d'énergie pourrait être stocké, puis distribué auprès de ceux
qui en ont besoin, les entreprises par exemples. Ces milliers d'unités
de production se substitueraient aux immenses centrales d'EDF et
devraient être gérées de manière souple et fine, via Internet et
les nouvelles technologies de l'information. Pour y parvenir, cela
suppose évidemment de mettre au point ces systèmes de stockage et
de distribution d'énergie. En jouant les pionniers, le Nord Pas de
Calais espère inciter les entreprises de la région à prendre une
longueur d'avance dans ce domaine. Les création d'emplois et la
sortie de la crise en découlera.
Comme toujours dans ce
domaine, il y a dans l'opération une part de communication. Des
villes comme Grenoble ou Besançon se sont engagés depuis longtemps
dans la transition énergétique, même si elles ne le chantent pas
sur les toits en l'appelant " troisième révolution
industrielle ". Et il faut bien constater qu'aujourd'hui,
le Nord Pas de calais fait plutôt figure de mauvais élève, puisque
l'électricité renouvelable n'y représente que 2% de la
consommation, contre 17 % en moyenne nationale.
Mais ne faisons pas la
fine bouche. La démarche est incontestablement intéressante et
novatrice. Elle peut non seulement créer des emplois, mais aussi
faire baisser les facteurs de chauffage et d'électricité. Elle a
enfin l'avantage de voir au-delà des prochaines échéances
électorales. Comme le dit Philippe Vasseur : " je serai
mort quand la transition énergétique sera achevée, mais j'aimerais
au moins voir le début ". C'est au moins ce qu'on lui
souhaite.
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