Cet article date de plus de deux ans.

Les NFT tentent de se faire une place dans le monde du jeu vidéo

Les NFT, ces sortes de titres de propriété d'un objet virtuel, se développent dans le jeu vidéo. Les grands studios se positionnent, y voyant une nouvelle manne économique. En Asie du Sud-Est, c'est même devenu une source de revenus pour certains joueurs.

Article rédigé par Augustin Arrivé
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Illustration de NFT. (JUSTIN TALLIS / AFP)

Va-t-on bientôt pouvoir revendre grâce aux NFT ses plus beaux buts marqués sur Fifa 2022 ou sa dernière arme obtenue dans Assassin's Creed Valhalla ? Les NFT sont des jetons non-fongibles qui s'apparentent à des titres de propriété d'objets virtuels. Ils ont beaucoup fait parler à l'occasion de ventes aux enchères extravagantes.

Ces objets numériques uniques se vendent et se revendent en ligne via des cryptomonnaies, comme le Bitcoin. Le premier SMS de l'histoire ou une œuvre numérique de l'artiste Beeple ont ainsi atteint des sommes records. Mais derrière ces événements, les NFT tentent aussi de se faire une place dans le monde du jeu vidéo.

>> Tout comprendre aux NFT, ces jetons virtuels qui se vendent plusieurs millions d'euros

Il y a par exemple Dogami qui sortira en 2022, et dont le principe ressemble aux Tamagotchi. Vous y adoptez le chien de votre choix, exemplaire unique, vous l'élevez, vous faites en sorte qu'il se reproduise dans cet univers virtuel, vous pouvez aussi le revendre, grâce à un système de transactions payantes qui utilise une cryptomonnaie créée pour l'occasion : le DOGA. Ce n'est peut-être qu'un premier pas, même si Maxime Féréol, journaliste pour le site spécialisé Gamekult, est très sceptique : "Cela peut avoir des utilités cosmétiques mais ce sont des choses déjà permises par des technologies qui existent actuellement."

"Ce n’est poussé que par les très gros studios parce qu’ils y voient une nouvelle manne économique."

Maxime Féréol, journaliste

à franceinfo

Cette position prudente, voire dubitative, est représentative d'une frange importante des joueurs. Lorsque Yosuke Matsuda, le patron japonais de Square Enix, le studio par exemple de Final Fantasy, écrit dans ses voeux de Nouvel An vouloir investir dans les NFT, il prend des pincettes. Il se dit conscient des réserves de certains, mais son communiqué est clair : "À l'avenir les gens s'engageront dans ces jeux, que ce soit pour s'amuser, gagner de l'argent ou même contribuer au contenu. Il n'y a que les NFT qui permettront ça."

Les joueurs vont-ils en profiter ?

Nicolas Pouard dirige le "laboratoire d'innovations" du studio Ubisoft, en pleine réflexion sur le sujet. Il suggère une raison simple pour que cela marche : le joueur tirerait profit des caractéristiques ou des objets glanés en jouant. "Quand le joueur a décidé d’arrêter de jouer, il peut aller revendre ses jouets comme on les vendrait sur un site de revente en ligne", développe Nicolas Pouard.

Des expériences à l'étranger ont montré des dérives. À force de vente et de revente, certains trouvent déjà dans ce système une source de revenus. "Cela existe mais surtout en Asie du Sud-Est , aux Philippines en particulier. Il faut beaucoup jouer pour gagner un salaire qui est quand même moindre que ce qu’on aurait avec un vrai travail. C’est pour ça qu’en Asie du Sud-Est, où les salaires sont bas, cela reste intéressant économiquement”, raconte le journaliste Maxime Férréol.

Nicolas Pouard d'Ubisoft est bien conscient du risque. Il dit justement vouloir encadrer le développement du processus, imaginer pour les joueurs un apprentissage vertueux de cette technologie. Il cite un autre garde-fou : utiliser les cryptomonnaies les moins polluantes possibles. Tout est encore à écrire.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.