Cet article date de plus de dix ans.

Le Nouvel Obs "va devoir entrer dans l'ère de la rationalité économique"

Un changement de propriétaire et un changement de direction. Ces jours-ci, "Le Nouvel Observateur" n'a peut-être jamais aussi bien porté son nom. A l'aube de son 50ème anniversaire, l'entreprise familiale est en train de connaître une petite révolution. Jacqueline Rémy, auteur de "Le Nouvel Observateur, 50 ans de passions" revient sur l'histoire particulière de ce magazine lu par des générations de Français.
Article rédigé par Céline Asselot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Ils étaient aux commandes du magazine depuis trois ans. Nathalie Collin et Laurent Joffrin viennent de démissionner de la tête du Nouvel Observateur. Et cette double démission a une portée très symbolique pour le magazine. Le Nouvel Obs s'apprête en effet à entrer dans une nouvelle ère et le départ de Nathalie Collin et Laurent Joffrin en est le premier signe concret.

Leurs successeurs seront choisis prochainement par les nouveaux propriétaires, Xavier Niel, Pierre Bergé et Matthieu Pigasse . Le trio, qui possède déjà Le Monde, vient de racheter le Nouvel Obs. Ce qui ne serait qu'une péripétie de plus dans n'importe quel autre titre de presse est ici synonyme de révolution. Pour la première fois, l'Obs échappe à ses fondateurs, Claude Perdriel et Jean Daniel, qui présidaient à sa destinée depuis maintenant 50 ans.

"Le Nouvel Obs perd le statut unique qu'il avait dans le paysage de la presse écrite française" assure Jacqueline Rémy, auteur de "Le Nouvel Observateur, 50 ans de passions" aux éditions Bygmalion. "Au départ, c'était le journal d'une bande, une bande désorganisée, qui voulait exister au niveau intellectuel. Parler de ventes était considéré comme vulgaire ." Claude Perdriel, qui a fait fortune dans les sanibroyeurs, renfloue régulièrement les caisses.

Le tournant a lieu dans les années 80, quand Claude Perdriel - au grand dam de son acolyte Jean Daniel - fait du Nouvel Observateur un vrai "newsmagazine" comme l'Express. "A partir de ce moment-là, on commençait les conférences de rédaction par les chiffres de ventes, c'était tout à fait nouveau" note Jacqueline Rémy.

Ces dernières années, "le lectorat a vieilli et les journalistes aussi, car dans cette famille, personne ne part" explique-t-elle. "Le Nouvel Obs n'est plus le magazine trans-générationnel qu'il était. Il va devoir s'adapter maintenant à la crise de la presse, sans doute se séparer de certains collaborateurs, entrer dans l'ère de la rationalité économique en fait. "

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.