Sébastien Thoen revient sur Canal Plus : "La direction m’a dit qu’elle avait déconné il y a trois ans"

Sébastien Thoen revient sur Canal+ après en avoir été licencié il y a trois ans pour une parodie qui n'est pas passée auprès de la direction. C'est l'occasion pour lui de se moquer de son histoire à travers une fiction, "Merci patron !", qui sera diffusée jeudi 21 décembre à 22h45.
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Sébastien Thoen, comédien, animateur de télévision, et chroniqueur radio français. (franceinfo)

L’humoriste est de retour sur la chaîne cryptée. Il a été engagé par Vincent Bolloré, trois ans après avoir été viré pour une parodie de "L’heure des pros" ayant déplu au même Vincent Bolloré. Conscient de l'incompréhension que cette situation peut générer, il propose aujourd'hui une fiction improbable, dans laquelle il s'imagine directeur des programmes de la chaîne cryptée. Merci patron ! sera diffusé jeudi 21 décembre, à 22h45, et restera bien sûr disponible pour les abonnés de la plateforme.

franceinfo : c'est une grosse surprise de vous revoir sur Canal. Vous avez été licencié pour une parodie de "L'Heure des pros", émission de Cnews, qui appartient au groupe Canal. Ça n'avait pas du tout fait rire à la direction. Comment peut-on revenir dans une maison qui vous a si maltraité ?

Sébastien Thoen : Ce n'est pas évident. Entre-temps je suis parti, j'étais à Dubaï, j'ai fait influenceur, j'ai fait plein de choses. L'éviction, évidemment, c'est triste. J'enchaîne en fait. Je fais des blagues, je dis que je vais revenir, je sors un livre, je vais aux "Grosses Têtes", grâce à Laurent Ruquier. Ils me rappellent trois ans après. Je me dis que c'est normal en fait, j'ai écrit un livre dans lequel je dis que j'allais revenir.

"Tout ça a été une blague, pas forcément de très bon goût sur le moment. Mais tout le monde s'est détendu. De l'eau a coulé sous les ponts."

Sébastien Thoen

à franceifno

On vient me voir, on me demande si ça me plairait de refaire des blagues, dans ma maison où je suis resté 30 ans, où j'ai fait des choses que je n'aurais jamais pu faire ailleurs. J'ai fait "Action discrète", le "Journal du hard", plein de choses.

Mais ce n'est plus la même maison qu'il y a 30 ans, Canal ?

Oui, mais je m'en fous de qui est à la DRH ou à la "compta". Comme vous, vous ne vous demandez pas qui et à la cantoche de franceinfo quand vous signez ici. Je vois ce que vous voulez dire, mais honnêtement, il y avait une volonté d'apaisement quand Maxime Saada m'a appelé. Et là, ce n'est pas seulement l'artiste embauché qui parle, c'est l'artiste engagé. Le patron de Canal m'a dit : "On a déconné il y a trois ans, là, ça s'est calmé, reviens, on va se marrer." Et on me propose en plus de faire Merci patron !, enfin j'ai eu l'idée, mais il y a un côté ironique de se moquer de ça. C'est plutôt une volonté d'apaisement.

Il regrette de vous avoir viré, c'est ce qu'il vous a dit ?

Oui, ça a été mal géré, bien sûr. On peut le dire. On peut faire une erreur et le reconnaître, ce n'est pas grave, c'est humain.

Vous dites "tout le monde s'est détendu", mais peut-être pas les 20-25 salariés qui vous ont soutenus, qui ont signé une pétition et qui, pour ça, ont été licenciés. Vous leur avez écrit à eux ?

Oui, bien sûr. Je me doutais que vous alliez m'en parler. Vous avez raison et ça va buzzer, c'est très bien, vous avez le sens du buzz à la radio. Évidemment, je ne suis pas très à l'aise par rapport à ça. Évidemment, quand c'est arrivé, il faut savoir qu'il y a eu le plan social à Canal, qui avait commencé en 2015. Pour "x" raisons, je ne suis pas dans la comptabilité, mais c'est vrai, c'est factuel, Canal+ se séparait des gens. Parce qu'il y avait plus d'émissions, ils n'allaient plus acheter la Ligue 1... Quand je suis arrivé au sport en 2019, j'ai croisé des gens qui m'ont dit qu'on avait encore signé pour un an, mais que c'était compliqué, qu'il n'y avait plus de boulot en fait. Ça ne minimise pas ce qui s'est passé, mais il ne faut pas non plus le rendre hystérique. 

"Des gens sont partis en signant une pétition pour moi. J'étais hyper touché évidemment. Je les ai tous rappelés depuis, quasiment. Ils ont tous rebondi, font autre chose."

Sébastien Thoen

à franceinfo

Vous pensez qu'ils comprennent votre retour ?

J'ai tout eu, mais je comprends, je ne suis pas complètement fou. Derrière le punk incontrôlable, il y a aussi un cœur qui bat et je comprends. Des gens m'ont dit : "Comme tout le monde, tu ne penses qu'à toi, fais toi plaisir." D'autres m'ont dit : "Je ne serais pas revenu, tu abuses." D'autres : "Je suis parti mais depuis, je revends des docs à Canal+." Certains font autre chose... J'ai eu tous les les sons de cloche, mais c'est important d'en parler. Je ne fais pas le malin encore par rapport à ça, même si comme tout le monde, je pense aussi à moi. Et puis je me dis trois ans après, on a tous rebondi, tant mieux. Et heureusement d'ailleurs, je pense que si on n'avait pas tous plus ou moins rebondi, je ne serais pas revenu comme ça. Mon seul métier, mon seul patron, c'est l'abonné. Et mon seul métier, c'est de faire des blagues.

Alors parlons de la fiction, Merci patron ! qu'on verra jeudi soir sur Canal+. C'est une situation surréaliste : Jonathan Cohen est censé être nommé directeur des programmes de Canal et ils font une erreur de frappe, et votre nom sort. Thoen pour Cohen. Tout le monde est surpris, vous le premier. Vous allez chercher de nouveaux programmes à mettre à l'antenne, vous imaginez des jeux, des fictions complètement nuls, on peut le dire ?

J'ai une vision un peu années 1990 de la télé. Donc j'ai une vision évidemment burlesque et puis, je me moque de moi là-dedans. Donc on me voit explorer des idées... Une série sur l'Urssaf, par exemple.

Et il y a plein de "guests" avec vous, Jean-Pascal Zadi, Baptiste Lecaplain, Patrick Sébastien, Chantal Ladesou, Julien Lepers...

Et Jérémy Ferrari. Que des copains qui sont venus, qui jouent leur propre rôle et qui viennent m'aider dans ma quête.

Il y a Gérard Jugnot, qui rejoue une scène culte des "Bronzés", on ne dira pas laquelle. Alors vous reviendrez aussi sur Canal l'année prochaine avec l'agence Tourisme, avec encore Gérard Jugnot et Baptiste Lecaplain. C'est quoi ? Un road trip décalé ?

En fait, on part du principe que Gérard Jugnot a une agence de voyages à côté de Paris. Personne ne le sait. Il essaye de renouveler un peu son catalogue de week-ends pour ses clients. Ça ne marche pas très fort. Donc il m'envoie Baptiste et moi. On est vraiment des agents de voyages et on va dans les villes d'Europe pour amener les bons plans hôtels, les bons plans musées, pour un prix abordable, ça va être sympa.

Donc vous êtes de nouveau salarié de Canal+ ?

Ça ne va pas non ! Je suis un artiste. Il n'y a pas de salarié, pas de CDD ou de CDI. Mais je me suis engagé sur un petit moment quand même. Mais évidemment, dans un an, je me refais viré et j'ai écrit ma légende. On va essayer de se marrer parce que mon seul patron est l'abonné.

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