"L'Express" : Alain Weil propriétaire du magazine revendique d'être "du bon côté de l'information"

"Les combats de L'Express sont ceux autour de la démocratie", souligne Alain Weill. Alors que le magazine fête ses 70 ans, le propriétaire confirme que le prix de l'hebdomadaire va augmenter.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Alain Weil, propriétaire de "l'Express", le 17 octobre 2023. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Alain Weill est l’homme d’affaires qui a relancé RMC, crée BFM TV et a repris il y a quatre ans le magazine hebdomadaire L’Express, créé en 1953 par Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud. À l’occasion des 70 ans du journal, un colloque est organisé à la Maison de la radio et de la musique, mercredi 18 octobre, sur le thème : "C’était bien hier, ce sera mieux demain". Il réunira autour des thèmes emblématiques du journal des personnalités comme Bill Gates, Emmanuel Macron et de nombreux experts français et internationaux. Un numéro spécial sort également jeudi.

franceinfo : Pour les 70 ans du magazine, vous sortez un numéro spécial organisez  un colloque de réflexion sous le signe de "L'optimisme et l'engagement". Est-ce que c'est parce que vous avez aussi pris conscience de la fatigue informationnelle des Français ? 

Alain Weill : On voulait un colloque qui nous ressemble ainsi qu'à notre ligne éditoriale. Le titre précis du colloque c'est : "C'était bien hier, ce sera mieux demain", on revient sur l'histoire du journal et puis on va sur des sujets d'anticipation comme : qu'est-ce que sera la médecine demain ? Qu'est-ce que sera la technologie demain ? L'intelligence artificielle (IA) ? Avec des grands experts comme effectivement Bill Gates qui explique pourquoi ce sera mieux demain. 


En rachetant L'Express en 2019, vous aviez peut-être des points communs avec les idéaux de ses fondateurs, Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud. On se rappelle leur combat contre la peine de mort, pour la légalisation de la pilule. Est-ce qu'aujourd'hui L'Express doit aussi être militant et sur quels combats ? 


J'ai racheté ce journal d'abord parce que j'avais envie de continuer d'être utile dans le secteur des médias. Cette marque était en danger de mort et pouvait disparaître. Donc, le challenge d'assurer la survie d'un journal comme L'Express, qui a contribué au débat démocratique depuis maintenant 70 ans, c'était un beau sujet, même si c'était un sujet difficile. J'ai pu le faire parce que j'étais en phase avec l'Adn du journal. Je savais que ce serait facile de travailler avec la rédaction, avec le directeur de la rédaction, Éric Scholl, ce qui est le cas aujourd'hui. 

Et sur quels combats L'Express pourrait se positionner ? 


Les combats de L'Express sont ceux autour de la démocratie. Ce sera le thème principal du premier débat avec Bruno Le Maire et Francis Fukuyama. Les démocraties sont-elles en danger ? Un vrai sujet d’actualité en ce moment. La signature de la nouvelle campagne de pub de L'Express, c'est "Du bon côté de l'information". Au début, ce slogan m'a choqué parce que je trouvais ça arrogant qu'on décide, nous, qu'on était du bon côté de l'information. 

Un peu bisounours peut-être ? 

Non, ce n'est pas bisounours, on est du bon côté de l'information. Parce que sur le sujet de la guerre en Ukraine, on est du côté de l'Europe, de l'Ukraine. Quand il y a un débat autour des terroristes, on est aussi, selon nous, du bon côté. Alors, on le choisit et on revendique que c'est le bon côté et que l'autre côté n'est pas bon. Sur ces sujets-là, on le revendique. Sur des sujets de société, L'Express a récemment été pour le mariage gay par exemple. 

"‘L’Express’ a toujours été en avance sur tous les sujets de société comme sur la loi Veil, sur l'avortement, sur la peine de mort. On est toujours, selon nous, du bon côté de l'information."

Alain Weill, propriétaire de "L'Express"

à franceinfo

Vous vous inspirez beaucoup de ce qui se passe à l'étranger. BFM TV et RMC étaient inspirées de radio et télé américaine et L’Express, quand vous l'avez racheté il y a quatre ans, c'était pour en faire un The Economist français avec moins de photos que L’Express d'avant, avec des articles plus longs. Quel bilan vous faites quatre ans plus tard ?

Positif parce qu'aujourd'hui, on a remis la maison à l'endroit. On est dans une situation financière qui aujourd'hui, nous assure la pérennité de l'entreprise puisqu'on est repassé en bénéfices. Donc pour les 70 ans, c'est une bonne nouvelle.

Les finances sont à l’équilibre, mais en termes de diffusions, il y a quatre ans, vous espériez 200000 abonnés. On en est toujours à 100000. Vous êtes encore derrière Le Point et L'Obs. Est-ce une déception ? Que faut-il faire de plus ?

Non, ce n'est pas du tout une déception. C'est un choix assumé. On est un journal qui a changé de cible. On est aujourd'hui sur une cible beaucoup plus étroite qu'auparavant, on ne peut donc pas gagner des abonnés supplémentaires. Le monde de l'abonnement est un monde extrêmement restreint, je l'ai découvert assez récemment, et notre stratégie a plutôt évolué. L'idée aujourd'hui, c'est de rester à 100 000 abonnés, ce qui est déjà une performance, mais d'augmenter les prix. On est sur une stratégie de valeurs et on s'adresse à des abonnés ou des futurs abonnés qui acceptent de payer plus cher pour une information, je crois aujourd'hui, de meilleure qualité que par le passé.

Est-ce que L'Express TV sera en lice pour les attributions des prochaines chaînes de la TNT en 2025 ?

On regardera les opportunités si effectivement, il y a la possibilité de lancer une chaîne. Ce ne sera pas une chaîne d'information, je ne vais pas maintenant lancer la cinquième chaîne d'information, donc ça sera autre chose. Et puis on verra parce que le monde de la télévision est aussi bouleversé en ce moment par la transformation numérique. On verra le moment venu, quel est le meilleur choix.

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