Florence Aubenas : "médiatiser le sort des otages est toujours utile"
Nicolas Hénin préparait un reportage pour l'hebdomadaire Le Point et pour une agence de télévision. Pierre Torrès, photoreporter, couvrait les élections municipales à Raqqa, dans le nord-ouest de la Syrie. C'est dans cette ville que les deux journalistes ont été enlevés le 22 juin dernier. Cela porte donc à quatre le nombre de journalistes français retenus dans ce pays, puisque Didier François et Edouard Elias, journalistes à Europe1, ont été enlevés eux aussi en juin dernier.
L'enlèvement de Nicolas Hénin et de Pierre Torrès n'avait jusqu'à présent pas été rendu public. Les familles des deux hommes avaient en effet demandé la plus grande discrétion. Finalement, au bout de trois mois et demi, les proches avaient décidé de briser le silence : une déclaration était prévue samedi soir depuis Bayeux, lieu symbolique puisque la ville normande accueille un grand événement autour des reporters de guerre.
"On se rend compte que parler protège"
Mais Jean-Marc Ayrault a parlé le premier : ce matin, lors d'une interview sur Europe1, le Premier ministre a évoqué le sort de Nicolas Hénin et Pierre Torrès... alors qu'il était interrogé sur les deux autres otages. Avait-il vraiment l'intention de briser l'embargo ? Certains proches parlent aujourd'hui de "gaffe" .
Médiatiser leur détention est en tout cas une bonne chose pour Florence Aubenas, co-présidente du comité de soutien aux otages en Syrie : "au début les familles ont peur, les autorités leur conseillent de ne rien dire, pour ne pas compliquer la tâche, pour ne pas faire monter les prix" raconte l'ancienne otage en Irak. "Mais on se rend vite compte que parler protège ! Cela protège ceux qui sont détenus, et cela protège aussi les autres, ceux qui voudraient se rendre sur place et qui sont désormais conscients des risques."
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