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Covid-19 : "Envoyé Spécial" alerte sur la détresse des ados face à la crise sanitaire

Le nombre de tentatives de suicide chez les jeunes a fortement augmenté ces derniers mois à cause du Covid-19.

Article rédigé par franceinfo, Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Alice Gauvin, journaliste reporter à France 2. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Quel est l’impact de la crise du Covid-19 sur la santé mentale des adolescents ? C’est ce qu’a voulu savoir la réalisatrice du reportage Les urgences de l’enfance qui sera diffusé jeudi 3 juin dans Envoyé spécial sur France 2. Alice Gauvin s’est rendue en avril aux urgences pédopsychiatriques de Rennes : "On n’a pas parlé tout de suite de l’impact de cette crise sur la santé mentale des jeunes, le sujet est venu plus tard dans l’actualité. On se disait que c’était important d’en parler. A Rennes, la Professeure Sylvie Tordjman alertait dès l’automne sur cette détresse sans précédent qu’ils voyaient arriver aux urgences. On voulait passer du temps avec eux pour en rendre compte au mieux." Tentatives de suicide, crises d’angoisse, scarifications, anorexie, les actes de désespoir des ados sont multiples.

À Rennes, depuis l’automne, les équipes ont constaté deux fois plus de moins de 16 ans qui tentent de se suicider, et trois fois plus d’enfants qui se présentent avec des troubles anxieux sévères.

Alice Gauvin

sur franceinfo

Même constat pour le psychiatre Serge Hefez, qui dirige l’unité thérapie familiale dans le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière : "Ça fait un moment qu’on essaie d’alerter les pouvoirs publics sur ce problème. Je trouve qu’on n’a pas assez anticipé ce qui allait se passer pour nos enfants et nos adolescents en terme de besoins psychiatriques pour répondre à cette vague de détresse. Et aujourd’hui tous les services sont saturés, c’est vrai à Rennes et partout dans le monde. On prend la mesure, particulièrement en France, que la psychiatrie publique n’a pas été assez renforcée ces dernières années.

Cette détresse est liée à l’épidémie, qui a touché tout le monde sur le plan social et psychique, ça a créé beaucoup d’inquiétude dans les familles, une incapacité à se projeter dans l’avenir.

Serge Hefez

à franceinfo

"Les enfants sont des éponges émotionnelles, ils ressentent évidemment l’angoisse de leurs parents", reprend le psychiatre. Des parents qui se retrouvent bien souvent démunis, comme on le voit dans le reportage : "Ils sont désemparés car ils ne trouvent pas de psychiatres et sont obligés d’aller aux urgences pour trouver des professionnels", explique Alice Gauvin. Sans compter le coût financier d’une prise en charge, que beaucoup ne peuvent pas assumer. Serge Hefez confirme : "Nous sommes saturés dans tous nos services de région parisienne, les parents ont des parcours hallucinants d’urgences en urgences sans être hospitalisés. Pour les consultations, on est obligés de trier les dossiers, c’est très difficile."

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