Alexia Laroche-Joubert : "J’aime ceux qui conduisent en dehors des sentiers battus, quitte à faire des sorties de route"

Alexia Laroche-Joubert, la plus puissante des productrices de programmes télé a pris, vendredi 1er septembre, la tête de Banijay France, le premier groupe mondial de production indépendante, côté en bourse, qui vend le plus de programmes aux chaînes de télé et aux plateformes du monde ("Touche pas à mon poste", "N'oubliez pas les paroles", etc.). En 36 ans de carrière, elle a lancé des émissions devenues cultes comme "Loft Story" ou encore la "Star Academy". Elle dirigeait depuis sept ans ALP, qui produit des marques très fortes comme "Koh-Lanta" ou "Fort Boyard". 

franceinfo : Quel est le rôle exact de la patronne de Banijay France ? 

Alexia Laroche-Joubert : C'est une multitude de choses que je n'avais pas appréhendées auparavant. Ayant un ADN de productrice, cela peut rassurer ou inquiéter. Mon but est donc de rassurer tous les producteurs qui travaillent au sein de Banijay pour leur dire que mon travail va être de faire en sorte qu'ils ne se sentent plus seuls. Quand vous êtes producteur, patron d'une grosse filiale, quelques fois, vous vous sentez seul, vous affrontez des décisions comme tout chef d'entreprise seul. Et moi, je suis là pour les aider et je pense que mon expérience peut leur servir sur beaucoup de points pour trouver des solutions ensemble. Après, la mesure de ce job aussi est quelque chose que je n'avais pas à gérer auparavant, c'est tout ce qui concerne les règles de gouvernance, les implications d'une société qui est cotée, c'est quand même assez loin de mon univers moi, qui est toujours les mains dans le cambouis.

Vous devenez du coup la patronne de Cyril Hanouna. Allez-vous lui dire lorsqu’il va trop loin ? Encore, il y a quelques jours, il a relayé une fake news sur la drogue des zombies. Vous l’avez appelé ? 

Non, je ne lui ai pas passé de coup de fil parce qu'en plus, il l'a dit chez vos camarades de France 5, il a demandé à ses équipes de mieux vérifier leurs informations.

"Moi, j'aime bien les mecs qui conduisent en dehors des sentiers battus, quitte à faire des sorties de route. Je trouve qu'il y a un conformisme qui m'emmerde globalement et Cyril Hanouna est quelqu'un qui ne se fait pas broyer par ce système-là. Alors après, il y a des sorties de route. Il en est conscient et d'ailleurs, il est sanctionné."

Alexia Laroche-Joubert, PDG de Banijay France

à franceinfo

Il a quelque chose de différent. C'est un animal organique. Il connaît extrêmement bien les médias. Peu de gens le savent, mais c'est un cerveau. C'est quelqu'un qui analyse extrêmement bien les grilles de programmes, qui comprend parfaitement les enjeux de nos métiers. Donc je suis très contente de travailler avec lui et en plus, je le connais depuis très longtemps. 

Vous lui avez mis de limites ?

Non. Il y a un organisme qui s'appelle l'Arcom qui se charge de mettre des barrières. Maintenant on est passé d'altercations fortes sur un plateau à en effet une histoire de zombies un peu mal placée, mais il l'a reconnu. Faute avouée à moitié pardonnée. 

Vous continuez à présider la société Miss France ? 

C'est le dernier mandat que je garde au sein des 15 sociétés qu'on gère. Il y a un petit côté affectif. J'adore ce programme. Et puis il faut que je trouve quelqu'un qui me remplacera. 

On connaît le savoir-faire pour les émissions de flux de Banijay. Arrivez-vous à ce poste pour donner un coup d'accélérateur sur les fictions ? 

Oui, on est extrêmement réputé, connu et important dans le divertissement avec des marques aussi emblématiques que "28 Minutes", "Taratata", "Star Academy", "Koh-Lanta".

"Banijay est encore challenger sur la fiction."

Alexia Laroche-Joubert, PDG de Banijay France

à franceinfo

On est monté sur le podium la semaine dernière [mi-septembre] en devenant le troisième producteur de fictions. Mon but, c'est d'élargir le prisme, de permettre aux producteurs comme Dominique Farrugia, qui vient de signer une énorme production avec Apple, de travailler dans de bonnes conditions. Ce qui est intéressant, c'est qu’on est très puissant au niveau mondial avec 500 millions d'investissements dans les fictions. On a signé des gens comme Steve Matthews, qui est un ancien de H.B.O en Angleterre. On est une porte d'entrée au niveau international pour tous les talents français qui veulent se développer.

Retrouvez cette interview en vidéo :