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Rap à l'orientale : le réveil

Depuis cette semaine, et jusqu'au 1er mars, plusieurs rappeurs et dj venus de Tunisie, du Liban, d'Egypte ou de Palestine sont invités pour une résidence, au centre culturel Barbara Fleury. Tous organisent un grand concert ce soir au new morning pour la liberté d'expression en Tunisie où le rap devient la première voix de la contestation.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Franceinfo (Franceinfo)

La jeunesse
tunisienne s'est par exemple rassemblé, l'année dernière, derrière Weld El
15 : la saga judiciaire de ce rappeur tunisien s'est terminée en décembre dernier
avec une relaxe . Elle avait tenu la presse en haleine, car, accusé par les
autorités d'outrages à la police et interpellé (notamment pour le titre Boulicia Kleb  -traduire "les policiers sont des
chiens
"-), il a montré le visage d'une jeunesse qui fait les frais d'un
retour à la réalité : la liberté d'expression n'est pas à la hauteur de ce que
le printemps arabe avait laisser espérer.

L'un des signes de cette désillusion est l'explosion
du rap oriental. Culture de la rue, de la jeunesse, le genre est par essence
souvent socialement et politiquement engagé. Le rap est donc devenu un genre trés
fertile en Egypte, au Liban ou en Tunisie, contrées d'une jeunesse déboussolée.
Missy Ness, jeune DJette franco-tunisienne, navigue entre Paris et Tunis, et a
suivi de près la détention de plusieurs rappeurs en Tunisie : la jeune
femme constate que le rap a trouvé, là-bas, un nouveau souffle.

Dans certains pays qui ont porté le hip hop,
comme la France et les Etats-Unis, les revendications s'essoufflent, mais
ailleurs, quelque chose se réveille. C'est important qu'on décentralise ce
regard du hip-hop occidental
 "

Le concert prévu au
New Morning est d'ailleurs dédié à Kafon, rappeur tunisien incarcéré depuis
juillet dernier pour consommation de cannabis, et dont la vidéo du titre Houmani
a pourtant été visionné plus 7 millions et demi de fois sur internet.

L'orient
: terre de renouveau pour le rap ?

Ils sont nombreux à
le penser, comme DJ Sotusura, alias Hicham Ibrahim. Né en France de parents palestiniens,
il est retourné au Moyen-Orient à l'adolescence, en Jordanie, en Syrie, en Palestine.
Aujourd'hui, il vit à Beyrouth et parle même d'une nouvelle ère des poémes
arabes :

" C'est comme une nouvelle façon d'aborder la légendaire
tradition de la poésie arabe. Désormais tous les jeunes peuvent télécharger une
instru sur leur ordinateur, s'enregistrer...donc beaucoup de personnes se mettent
au rap. Tout n'est pas forcément bon, mais ces deux-trois dernières années, on
a vu apparaître énormément de rappeurs. Et dans les concerts, on voit les vieux
ou les enfants tendrent davantage l'oreille, parce qu'ils retrouvent des
samples de mélodies arabes qu'ils connaissent déjà. "

Ce serait la vraie
force de ce genre qui émerge : le rap arabe s'est immiscé dans la culture
populaire en piochant dans la musique traditionnelle. Missy Ness confirme :

" Grace à ces nombreux samples de musiques locales, une identité s'est
réellement forgée : pas du rap 'en arabe', mais bel et bien un 'rap arabe' "

Rap entre deux
rives
projet autour du rap oriental, est initié entre autres par la
journaliste Hind Medded, qui est également l'une des voix de France Info.

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