L’innocence perdue de Paolo di Paolo
Il était là tout le temps, quand Paolo a donné son premier baiser, passé son permis de conduire, Silvio Berlusconi a envahi sa jeunesse, s'est immiscé dans son intimité et l'auteur dit "je" en passant par son personnage Italo Tramontane, avec un prénom national et un nom de vent, on comprend tout de suite qu'il y'a aussi de l'humour et de la dérision dans ce roman. Car pas question ici de mettre directement en relation les frasques de Berlusconi, sa vulgarité, sa violence, son cynisme avec des épisodes de la vie de Paolo di Paolo. C'est beaucoup plus fin, subtil, c'est aussi un récit sur le père, celui d'Italo est un professeur à la retraite, un taiseux qui un jour passe en voiture devant son ancien lycée et renverse l'un de ses anciens élèves.
Et si ce n'était pas un accident se demande Paolo et son personnage? Quelle frustration, quel sentiment d'échec aurait poussé ce père aimant à agir ainsi? Ce qu'il développe à partir de ce fait, en faisant des collages, des compilations de souvenirs, c'est l'idée que l'Italie a été atteinte jusqu'au plus profond d'elle-même par le berlusconisme.
Paolo di Paolo résume parfaitement son roman dans cette phrase: "On n'avait pas le temps de s'apercevoir (une minute de concentration aurait suffi) qu'en réalité nous n'avions jamais cru en rien".
Où étiez-vous tous" de Paolo di Paolo c'est édité chez Belfond.
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