Les Phèdre(s) d’Isabelle Huppert à l’Odéon
Euripide et Sénèque ne sont pas au casting de cette pièce, la mythologie grecque est revisitée par trois auteurs contemporains: Wajdi Mouhawad, Sarah Kane et le romancier JM Cotzee. Dans l'univers habituel de Krzysztof Warlikowski, très esthétique, immense panneaux de céramique usée, grand cube de plexi qui se déplace, projections vidéo en direct, musique jouée sur scène, Isabelle Huppert réalise une performance théâtrale, Phèdre dévorée par la passion, se consume dans l'amour pour Hyppolite, fils de Thésée, son mari.
Une palette de jeux impressionnante
La palette de jeu, déployée par l'actrice trois heures durant est impressionnante. Malheureusement, la construction autour de ces trois écritures actuelles est très inégale, le texte de Wajdi Mouhawad, fait de longues tirades est décevant, ce n'est pas parce qu’on entend "bite" et "chatte" que ça actualise ce rôle mythique, la partition très charnelle écrite par Sarah Kane, dramaturge anglaise suicidée à 29 ans est plus pertinente, enfin l'extrait d'"Elizabeth Costello" le roman de JM Cotzee permet à Isabelle Huppert d'ajouter une note brillante et drôle à cette tragédie, dans le rôle d'une conférencière venue parler des amours compliquées entre les dieux et les mortels.
Sentiment étrange pour le spectateur quand à la fin Isabelle Huppert est durant quelques minutes la Phèdre de Racine. En un éclair elle entre dans ce registre classique, magnétise, fait frissonner et on reste sur sa faim. Il faut donc l'immense talent d'Isabelle Huppert, très bien entourée sur scène, pour emporter le public. Krzysztof Warlikowski lui a entièrement fait confiance pour mener cette aventure.
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