Le Festival Berlioz sur les pas de Napoléon
Depuis sa disparition il y a près de 150 ans, l'âme d'Hector Berlioz n'a jamais véritablement quitté son Dauphiné natal. Le festival qui porte son nom y est sans doute pour beaucoup, puisqu'il se nourrit depuis 36 ans de l'immense héritage laissé par ce personnage singulier, autodidacte de génie, inventeur de la musique à programme et développeur du concept même de festival.
Sur les pas de Napoléon
La thématique retenue pour cette édition 2015 "Sur les routes de Napoléon", est révélatrice de la pertinence de son oeuvre dans l'actualité. Le directeur artistique du festival Bruno Messina explique : "je prends Berlioz comme un héros de BD dont on va décliner chaque année un opus. Et donc après Berlioz en Amérique, cette année c'est Berlioz sur les routes Napoléon. On fête le bicentenaire en 2015 du retour de l'île d'Elbe, qui a basculé en Isère. Berlioz a douze ans au moment où ça arrive, et c'est une année incroyable pour lui parce qu'il tombe amoureux pour la première fois, et il devient musicien parce qu'il est tombé amoureux. Et puis il va nous dire la fascination pour Napoléon parce que curieusement, Napoléon va devenir pour la génération romantique, une sorte d'icône. Le fait qu'il soit mort en 1821 à Saint-Hélène fait que tout va se cristalliser autour de lui comme peut-être celui qui a permis de sauver l'idée de révolution française. Donc c'est une manière d'interroger à travers le prisme de Berlioz une thématique, et de décliner l'Histoire en musique".
"Le festival n'a pas été créé pour Berlioz, il a été créé par Berlioz lui-même. La notion de festival commence avec Berlioz au XIXe siècle."
Berlioz est donc une source intarissable d'idées, de tentatives de décrypter l'Histoire et notre société à l'aune de sa musique et de sa vie, faite de voyages, de rencontres et d'inspirations diverses. "C'est un personnage particulier dans l'histoire de la musique française ", poursuit bruno Messina, "C'est un autodidacte, un provincial, un guitariste à une époque où ils sont tous pianistes comme Liszt, Chopin, etc. Et c'est quelqu'un qui a inventé énormément, il arrive tard au conservatoire de Paris, après avoir fait un peu la fac de médecine, et là il va bouleverser les règles parce que finalement il ne les connaît pas. Il a quelques figures qui vont immédiatement le fasciner comme Gluck, comme Beethoven.Et puis Berlioz est l'inventeur de l'orchestre moderne, il est l'auteur d'un grand traité d'orchestration qui va devenir un modèle pour toute l'Europe. Etonnament, il est mal connu ou mal compris en France de son vivant, mais il va avoir des succès incroyables en Allemagne, en Angleterre, et puis il va devenir le père de la musique russe ! Donc tout ça nous donne des fils, c'est à dire qu'en plus du répertoire de Berlioz, il a laissé un tel héritage que ça nous donne autant de pistes à exploiter ."
Ouverture à tous les publics, et à tous les genres musicaux
A travers des promenades historiques le long de la route Napoléon, des banquets républicains avec menus d'époque, et un cadre rural décomplexé, Bruno Messina ambitionne également d'ouvrir le champ de la musique savante au plus grand nombre. "Je crois qu'il n'y a as pas de musique qui ne soit pas accessible, je crois que la musique elle va du coeur au coeur ", analyse ce Niçois de naissance, par ailleurs chercheur en ethnomusicologie. "Le fait que ça se passe dans un petit village désangoisse ceux qui n'iraient pas dans les grandes salles. Ce qui fait que c'est un festival où l'on peut croiser par exemple des Anglais de la Berlioz Society à Londres extrêmement informés, et aussi des agriculteurs qui viennent de la plaine de la Bièvre en Isère, découvrir leur grande figure locale."
La 9e symphonie de Beethoven par l'orchestre national de Lyon, les polonaises de Chopin, les oeuvres de Stravinsky ou de Schumann, etc. Les grands compositeurs romantiques sont à nouveau à l'honneur cette année, tout comme le jazz et même la musique orientale avec l'Egyptien Tarek Abdallah. Mais le point d'orgue du festival sera sans doute atteint ce vendredi soir, avec le Te Deum, oeuvre grandiose de Berlioz jouée au sein du théâtre romain de Vienne, avec 600 enfants, 250 choristes adultes, et un grand orchestre.
Le programme complet du festival, c'est ici ►►► Festival Berlioz de la Côte-Saint-André, du 20 au 30 août
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