La nouvelle BD d'Enki Bilal sort mercredi sous la forme d'une trilogie
Tout de suite une anecdote : le rendez-vous se termine, on raccompagne Enki Bilal sur le palier de France Info, s’ouvre la porte de l’ascenseur, et c’est alors que celui-ci nous lâche:
"J’ai oublié de vous dire qu’à trois pages de la fin de l’histoire, je ne savais pas encore comment la terminer ."
J’en suis resté baba comme deux ronds de flan. J’ai laissé filer la star de la BD et j’ai réécouté l’interview. Et pourquoi ? Parce que tout ce qu’il venait de me dire semblait si construit, si cohérent que j’étais absolument certain qu’il avait tout planifié dans cette "trilogie du coup de sang" qu’il vient de conclure.
Trois albums… sur quel thème ?
« Animal’z », « Julia et Roem », « La couleur de l’air », (voilà pour les titres) nous parlent d’écologie.
Bilal imagine que la planète éprouverait le besoin de se réinventer après un cataclysme. Du passé, faisons table rase… une idée déjà éprouvée.
Pas de politique, donc, cette fois, chez Bilal le visionnaire ?
Chassez le naturel, il revient au galop, comme tous ces animaux qui peuplent ses pages. Que dire de ce cannibale au visage brouillé dont l’allure tout entière renvoie aux figures voilées des soldats islamistes qui sèment la terreur aujourd’hui.
Graphiquement, Bilal est revenu dit-il à une certaine simplicité, des papiers teintés, des pastel gras, des ambiances monochromes : gris-bleuté, ocres, et des bleus impalpables, forcément pour « La Couleur de l’air ».
Et ça vous a plu ?
Il est de bon ton de dire que depuis qu’il fait du cinéma et que ses originaux s’envolent dans les salles des ventes à des prix fous, Bilal dessine en se regardant dans un miroir.
Je prends donc le contre-pied : j’ai aimé cette trilogie du coup de sang, cérébrale et graphique.
« La Couleur de l’air », Enki Bilal, aux éditions Casterman, en librairie demain !
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