Culture d'été. "Faire de la rue l'œuvre même" : une exposition consacrée à Ernest Pignon-Ernest à Landerneau
À Landerneau dans le Finistère, le Fonds Hélène et Edouard Leclerc consacre une grande exposition à Ernest Pignon-Ernest, un des pionniers de l’art urbain. Quelques 350 œuvres, couvrant 50 années de création sont présentées jusqu’au 15 janvier 2023.
Son portrait d’Arthur Rimbaud est son image la plus célèbre. Collée dans la rue pour la première fois en 1978 entre Paris et Charleville-Mézières, ville de naissance du poète, elle est aujourd’hui une icône.
"L’image de Rimbaud, elle m’a dépassé complètement."
Ernest Pignon-Ernestà franceinfo
Rimbaud, figure incontournable dans l’œuvre de l’artiste, ne pouvait pas être absent de l’exposition. Le dessin a été prêté par un admirateur qui l’avait arraché dans une rue et ainsi préservé. Les sérigraphies de Rimbaud comme presque toutes celles réalisées par Ernest Pignon-Ernest sont éphémères car imprimées sur des chutes de rotative, un papier fragile, appelé à disparaître.
Au-delà de Rimbaud, les poètes occupent une large place dans son œuvre : Pablo Neruda, Jean Genêt, Mahmoud Darwich et surtout Pier Paolo Pasolini, assassiné en 1975, dont l’image tapisse le mur de son atelier reconstitué dans l’exposition. "C’est lui qui revient avec son corps dans les bras. J’ai dessiné avec une grande précision ce que j’ai repéré sur les photos de la police quand on l’a trouvé mort…et en même temps, je le mets dans la position d’une pietà", déclare Ernest Pignon-Ernest
Ce Pasolini bouleversant, Ernest Pignon-Ernest l’a d’abord collé dans différents lieux de Rome en 2015 puis à Matera et à Naples, ville qui l’a beaucoup inspiré. Sans les avoir comptées, l’artiste pense avoir posé 300 images à Naples. Dans l’exposition, des vidéos et des photos grand format en montrent quelques-unes in situ.
"La rue c’est mon matériau plastique, poétique."
Ernest Pignon-Ernestà franceinfo
Si la poésie et la mythologie nourrissent son travail, Ernest Pignon-Ernest est aussi un artiste révolté qui depuis 50 ans dénonce dans ses dessins l’apartheid, les avortements clandestins, les expulsions abusives, ou les morts du sida. Quel que soit le sujet dont il s’empare, on est ébloui par la virtuosité de l’artiste qui ne veut surtout pas être rattaché au street art. "Le street art, à 95%, correspond à des interventions qui prennent la rue comme une galerie, ça n’a rien à voir avec ce que je fais. Moi je ne fais pas de la rue une galerie, j’essaie de faire de la rue, l’œuvre même", explique Ernest Pignon-Ernest.
L’exposition de Landerneau vient rappeler la singularité du travail de ce jeune homme de 80 ans.
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