Cinéma : "Le Retour" de Catherine Corsini, ou le sentiment d'avoir des racines

Le film commence sur l'image d'une femme noire, Khédidja, qui quitte la Corse en bateau, seule avec ses deux filles. Ses pleurs nous apprennent qu'un drame s'est produit. Quinze ans plus tard, elle revient pour un job d'été - garder les enfants d'un couple de continentaux aisés en vacances - et ses deux filles sont devenues des adolescentes. Deux physiques et deux tempéraments très différents. Le passé de la famille et les non-dits autour de la disparition du père vont rapidement resurgir sous différentes formes.

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Un passé calqué sur celui de Catherine Corsini : "Mon père est mort quand j'avais deux ans et demi. Ma mère, qui n'était pas corse, a fui la Corse. Elle m'a élevée vraiment dans un sentiment étrange, elle vénérait mon père qui était l'amour de sa vie, mais en même temps, c'était comme si la Corse était un territoire étouffant, angoissant. J'y suis retournée très tard, quand j'avais 15 ans et ensuite quand j'avais 30 ans. J'ai vraiment mis un temps fou à aller dans les pas de mon père ou sur les traces de mon histoire familiale."

Un film culotté et sensible

Dans le rôle principal, on retrouve une très juste Aïssatou Diallo Sagna, aide soignante de profession et déjà révélée par Catherine Corsini dans La Fracture, son film précédent, pour lequel elle avait remporté un César. Ravie d'embarquer dans une nouvelle aventure imaginée par la cinéaste, elle confie : "J'avais du mal à me dire que j'étais comédienne, donc je voulais pouvoir interpréter tout autre chose et j'étais ravie que ça puisse se faire avec Catherine. Là, on est dans un vrai rôle de composition. Ça m'a beaucoup touchée parce que c'est aussi quelque part sa propre histoire.

"Cette question d'identité, je pense que les Corses, comme moi, on est fier d'où on vient. On aime parler de chez nous, montrer les coutumes, notre richesse, le patrimoine."

Aïssatou Diallo Sagna, actrice

à franceinfo

Le Retour est rythmé, culotté, sensible et émouvant. Et parfois très drôle aussi. Catherine Corsini filme magnifiquement bien la Corse et son caractère, ses villages, ses scènes de vie au soleil couchant. Beaucoup des qualités du film reposent sur sa direction d'acteurs et notamment l'interprétation des deux jeunes comédiennes, Esther Gohourou et Suzy Bemba, inconnues jusque-là.