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Cinéma : "Bonne Mère", un portrait élogieux et une promesse tenue de Hafsia Herzi

Le nouveau film de la comédienne et réalisatrice Hafsia Herzi, "Bonne Mère" raconte le quotidien d'une femme de ménage et ses enfants dans les quartiers Nord de Marseille. Une histoire fortement inspirée de sa mère.

Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Halima Benhamed joue le rôle principal du film "Bonne mère" de Hafsia Herzi. (SBS PRODUCTIONS / COLLECTION CHRISTOPHEL VIA AFP)

Présenté au Festival de Cannes en catégorie "Un certain regard", il sort mercredi 21 juillet dans les salles de cinéma françaises : Bonne Mère, de Hafsia Herzi, raconte la vie d'une femme de ménage et de son entourage, qui vivent dans les quartiers Nord de Marseille.

Retour sur les traces de l'enfance pour Hafsia Herzi

Révélée en 2007 par La Graine et le Mulet d'Abdellatif Kechiche, Hafsia Herzi a depuis tourné dans une trentaine de films. À seulement 34 ans, elle propose son deuxième long-métrage en tant que réalisatrice. Le premier, Tu mérites un amour, sorti en 2019, lui avait valu une belle reconnaissance critique.

Le nouveau, Bonne mère, se passe donc dans les quartiers Nord de Marseille, plus précisément Cité des Oliviers, là où Hafsia Herzi elle-même a grandi. Et le personnage de Nora, femme de ménage qui se lève à l'aube et prend le bus pour aller nettoyer les avions à Marignane, est directement inspiré de sa propre mère.

"Ma mère était femme de ménage dans un collège à l'aéroport et elle s'occupait en parallèle de personnes âgées, raconte Hafsia Herzi. Et on était une famille nombreuse aussi. Et j'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour ma mère, que je voyais travailler dur pour subvenir à nos besoins. Et je me disais 'Un jour, un jour, j'écrirai un film sur une maman qui se bat au quotidien pour ses enfants'."

On suit donc le quotidien de Nora, entre ménage le matin, aide à une personne âgée l'après-midi, avant de s'occuper le soir de ses quatre enfants, avec un aîné en prison. La galère, la débrouille, le manque d'argent. Un personnage principal qui encaisse beaucoup, mais garde le sourire. Le film pourrait basculer dans le cliché ou le misérabilisme, mais ne le fait jamais, en grande partie grâce aux comédiens, pour la plupart d'ailleurs, des non-professionnels. "Je voulais vraiment prendre des vrais habitants des quartiers, des gens avec l'accent marseillais", explique la réalisatrice.

Je voulais des visages, des gens que j'avais envie de filmer pour leur première fois. Il faut trouver des gens qui ont un talent et qui ont envie de faire ça.

Hafsia Herzi, réalisatrice de "Bonne Mère"

à franceinfo

Un casting difficile, exigeant, surtout pour le rôle principal tenu par Halima Benhamed. "Au début, j'imaginais un personnage plus vieux, se souvient Hafsia Herzi. Quand j'ai décidé d'aller vers un personnage plus jeune, c'était compliqué de trouver une femme de cet âge-là, qui accepte d'être filmée, qui a une présence à l'image aussi. Parce qu'il faut avoir envie de regarder quelqu'un pendant une heure et demie, deux heures, qui a un talent."

Hafsia Herzi confirme ses qualités de réalisatrice. Elle filme ses personnages et son histoire avec tendresse et un vrai sens du naturalisme. Certaines scènes de repas de famille rappellent d'ailleurs le style Kechiche, pour un film qui reste lumineux et donne un peu d'espoir malgré le présent et l'avenir sombre qu'il veut nous décrire.

Hafsia Herzi, réalisatrice de "Bonne Mère", lors du Festival de Cannes en juillet 2021 (MATTEU MAESTRACCI / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

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