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Que devient Alexandre, le héros de l'attentat de Nice ?

Le 14 juillet 2016, lors de l’attaque terroriste à Nice, Alexandre, 31 ans, jette son vélo et s'accroche au camion pour ralentir sa course meurtrière.

Article rédigé par franceinfo, Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Alexandre, le cycliste qui a tenté d'arrêter le camion fou sur la promenade des Anglais le 14 juillet 2016, ici photographié en 2017. (SÉBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

14 juillet 2016. Quelques minutes après la fin du feu d'artifice, un camion fou fauche des centaines de personnes sur la promenade des Anglais, à Nice. Le bilan est très lourd : 86 personnes - dont 13 enfants et adolescents - sont tuées, le terroriste blesse aussi 450 autres personnes. Un cycliste qui se trouve sur le parcours du poids-lourd de 19 tonnes fera figure de héros. Il s'appelle Alexandre et a 31 ans. Alors que le terroriste passe à sa hauteur, le jeune homme jette son vélo et s'accroche au camion pour ralentir sa course meurtrière. "Quand j'ai vu le camion, j'ai vu une personne se faire renverser, j'ai jeté mon vélo et j'ai essayé de courir après. J'ai réussi à rattraper la cabine et c'est à ce moment-là qu'il m'a braqué avec un pistolet", raconte le jeune homme, quelques jours après le drame.

Les images le hantent 

Pour son acte de bravoure, Alexandre Nigues a reçu la Légion d'honneur. Quelques mois après l'attentat, le Niçois a pu reprendre son travail de grutier. Le 14 juillet dernier, lors du premier anniversaire de l'attaque, Alexandre a participé aux cérémonies et commémorations. Mais un an après l'attentat, le jeune homme reste marqué par cette nuit d'horreur. "C'est toujours compliqué. Tous les jours, j'y pense", confie Alexandre qui se remémore "les images, le visage du terroriste et des personnes" mortes sur le trottoir... "Cela revient tous les jours. Par exemple, je peux marcher dans la rue et entendre un bruit bizarre ou sentir quelqu'un dans mon dos et je ne me sens pas bien. Je suis obligé de laisser passer la personne", raconte Alexandre qui a rendez-vous tous les quinze jours avec son psychologue. 

Alexandre vit désormais reclus 

Le jeune homme, qui aimait bien sortir, mène désormais une vie de reclus. "J'évite d'aller là où il y a du monde, les fêtes, les pubs, tout ça j'évite. Je ne peux pas, énonce Alexandre qui explique aussi qu'il ne prend plus de vacances depuis l'attentat. Quand je suis dans un centre commercial par exemple, je suis constamment en train de vérifier s'il y a des systèmes de sécurité, les endroits où je peux me cacher, je me demande aussi si un terroriste peut entrer... Je me méfie de tout, je regarde tout." "J'aimais bien voyager à l'étranger, mais là, je préfère rester au travail. Si je m'arrête et que je reste une semaine à la maison, je ne me sens pas bien, cela me fait penser à plein de choses et je préfère être occupé à mon travail. C'est un peu une thérapie."

Légion d'honneur 

Alexandre a donc reçu la Légion d'honneur après être intervenu sur la promenade des Anglais. Lui dit seulement : "J'espère que ça a pu aider à le ralentir, que ça a permis à la police  de voir arriver le camion, j'espère que cela a servi à quelque chose. J'aurais aimé faire un peu plus mais j'ai fait de mon mieux, j'ai essayé de tenter quelque chose." Avec son entourage, Alexandre explique qu'il évite soigneusement de parler de ce 14 juillet 2016. "Mes amis ne m'en parlent pas pour ne pas m'y faire penser, pour éviter que je me sente mal", raconte Alexandre qui, un an après le drame, reste très marqué. "Je n'ai plus la motivation de faire beaucoup de choses, ça m'embête... J'espère qu'avec le temps cela va s'estomper et que je vais reprendre un peu le dessus et reprendre ma vie là où elle s'est arrêtée le 14 juillet 2016." 

Quand il se sentira prêt, quand il ira mieux, Alexandre partira en vacances, il rêve de découvrir la Thaïlande avec sa compagne. Mais il lui faudra encore du temps : depuis l'attaque, le jeune homme n'est pas retourné sur la promenade des Anglais.

 

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