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Que deviennent les producteurs de porc, après la crise de l’été dernier ?

11 août 2015. La crise frappe les éleveurs français de porc qui multiplient, notamment en Bretagne, les actions chocs pour alerter l'opinion publique. Les cours du porc sont en chute libre à cause de l'embargo russe, de la surproduction et de la baisse de la consommation.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Paul Auffray, président de la Fédération nationale porcine © Sébastien Baer - Radio France)

Sur France Info, en cet été 2015, Paul Auffray, le président de la fédération nationale porcine, s'inquiète de la situation.  "Les éleveurs sont en difficulté depuis plus de sept ans, nous sommes sous embargo russe depuis 18 mois. On constate des dépôts de bilan très importants chez les éleveurs de porc. Nous perdons plus de 300 éleveurs par an, il y en a un qui disparaît chaque jour en France" .

Situation tendue

Depuis la crise, la situation dans la filière porcine s'est améliorée. Notamment grâce à la Chine, le plus gros client des producteurs français.  Le pays a importé 35.000 tonnes de porc français au premier trimestre 2016, un très bon résultat qui a contribué à la remontée des cours. Un répit bienvenu pour les éleveurs même si beaucoup continuent à souffrir, insiste Paul Auffray.  "Même si les cours remontent depuis quelques semaines, la situation de trésorerie demeure très difficile. Près d’un éleveur sur deux est dans une situation financière très tendue et n’a pas forcément de quoi financer le quotidien de son exploitation."

Embellie chinoise

Mais l’avenir n’est peut-être pas si sombre. "Si les cours se confirment et laissent entrevoir une année voire deux années de cours corrects, on pourra limiter la casse"  espère Paul Auffray qui ajoute :   "On n’a aucune garantie, on a longtemps espéré la réouverture du marché russe après l’embargo et vis-à-vis de la Chine on reste très prudents car on sait que les Chinois sont des commerçants très avisés et que pour une raison ou une autre ils peuvent très bien fermer les frontières"  remarque Paul Auffray qui souligne que la crise a eu un impact non négligeable pour certains producteurs.  "On sait que ça peut avoir un impact psychologique et fragiliser le ciment familial, ce qu’on voit de plus en plus ce sont de jeunes éleveurs d’une quarantaine d’années qui eux décident d’abandonner et de changer totalement de parcours"  pointe le président de la Fédération nationale porcine.

Frigos vides

Point positif, tout de même, la période de surproduction est terminée.  "Les frigos sont vides, ceux de nos voisins espagnols aussi. Mais pour combien de temps ? Tant que les Chinois sont là, ça va" .

La bulle chinoise, qui a soulagé le marché français, pourrait durer jusqu'à la fin de l'année. Pour la suite, il n'y a aucune certitude. Selon les estimations de Paul Auffray, 10 à 20% des éleveurs de porc français pourraient être contraints d'abandonner leur activité.

►►► À lire aussi : La crise porcine de 2015 sur France Info

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