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Ils ont fait l'actu. Lionel Suchet, "objectif Lune" avec la mission Artemis I

Retour avec Sandrine Etoa-Andegue sur les événements marquants de l'année. Et ce sont ceux qui les ont vécus qui les racontent. Lionel Suchet, directeur général délégué du Centre national d'études spatiales (CNES), revient sur le lancement de la mission Artemis I.
Article rédigé par franceinfo, Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Lionel Suchet, directeur général délégué du Centre national d'études spatiales (CNES), lors d'une convention au Parc des Expositions à Paris, en 2022. (MAXIME GRUSS / HANS LUCAS)

16 novembre 2022. Le lancement de la nouvelle méga fusée de la NASA, la plus puissante au monde, est un succès à Cap Canaveral en Floride. C'est la première étape de l'ambitieuse mission Artemis, de l'Agence spatiale américaine, qui a pour objectif de remettre un pied sur la Lune, plus de 50 ans après la mission Apollo. 

>> VIDEO. Mission Artemis : la fusée géante SLS a décollé avec succès

Ce premier vol d'essai était initialement prévu à l'été 2022, mais il a été reporté plusieurs fois à cause de problèmes techniques à répétition et même de deux ouragans. Des contretemps à relativiser, d'après Lionel Suchet, numéro deux du Centre national d'études spatiales (CNES), et spécialiste des vols habités, "rien de très grave, tant qu'on n'est pas dans une mission habitée. Et cette mission, justement, Artémis I, c'est une répétition générale qui est faite pour ça, pour trouver des problèmes qui n'avaient pas été vus avant et pour les corriger, pour la vraie mission qui sera d'embarquer un équipage vers la Lune."

Une "nouvelle porte" vers le futur 

Le lanceur SLS a emporté avec lui le vaisseau spatial Orion. La capsule à bord de laquelle prendront place les astronautes qui, en 2025, si le calendrier est tenu, fouleront de nouveau le sol lunaire. Ce sera le début d'une série de missions d'exploration habitée qui font rêver Lionel Suchet et le plongent dans ses souvenirs.

"Quand l'homme va reposer le pied sur la Lune, je crois qu'on aura la même émotion qu'au moment d'Apollo. Ça a marqué toute une génération, même sur la planète entière. Ce jour de juillet 1969, où Armstrong a posé le pied sur la Lune, tous ceux qui étaient vivants ce jour-là et qui sont toujours vivants aujourd'hui, s'en souviennent", se remémore Lionel Suchet.

"Il s'agit de rester sur la Lune de façon permanente avec des équipages internationaux et évidemment de ramener ses équipages en bonne santé sur terre."

Lionel Suchet

à franceinfo

Plus de 50 ans après, l'émotion est toujours la même pour le spécialiste, qui n'a pas pu se rendre en Floride, "Je l'ai vécu de façon assez intense, parce que c'est une nouvelle porte qui s'ouvre vers le retour sur la Lune, qui amène beaucoup de nouveautés par rapport à ce qu'on a vécu jusqu'à présent". Lionel Suchet évoque les vols en orbite basse sur la station Mir et sur la Station spatiale internationale, dans laquelle Thomas Pesquet a séjourné deux fois.

" Là, tout d'un coup, on passe à une autre vitesse, à une autre dimension avec ce lanceur super lourd qui va amener des équipages demain sur la Lune. Il y a plein d'étapes qui vont conduire à pouvoir petit à petit amener des femmes et des hommes autour de la lune, en orbite. Ensuite, se poser sur la Lune, construire une base lunaire. Il s'agit de rester sur la Lune de façon permanente avec des équipages internationaux et évidemment de ramener ses équipages en bonne santé sur terre."

Bientôt un Français sur la Lune ? 

L'équipage d'Artémis II, composé de trois Américains et d'un Canadien, a été annoncé au printemps dernier. Pour la première fois, une femme et un homme noir iront vers la lune. Pour Artémis III, il y aura peut-être un astronaute européen espère Lionel Suchet, "l'Europe participe à ce programme en fournissant des morceaux de la capsule Orion. Tous les moteurs de la capsule qui transporte l'équipage sont faits en Europe", le numéro deux du CNES. En échange, "l'Europe a droit à trois missions d'astronautes européens".

Selon Lionel Suchet, en sachant que les pays qui financent le plus les vols habités sont "dans le désordre la France, l'Allemagne et l'Italie", "on ne peut penser que sur ces trois sièges, il y aura un siège pour un Français, un Allemand et un Italien ou une Française, une Allemande et une Italienne."

"Cela ne se fera pas rapidement car il faut d'abord la base lunaire, la construire, l'exploiter et en tirer les leçons."

Lionel Suchet

à franceinfo

L'autre intérêt d'Artémis, c'est de préparer une mission future à destination de la planète Mars. Il faut qu'il y ait un alignement des décisions politiques et des financements nécessaires, car "cela demande énormément d'argent" prévient Lionel Suchet. Il poursuit, "ça ne se fera pas rapidement car il faut d'abord la base lunaire, la construire, l'exploiter et en tirer les leçons. Et puis, comme la Lune, c'est aussi un environnement extrêmement hostile. Donc ça sera de toute façon très compliqué de faire vivre là-bas des femmes et des hommes de façon pérenne, autrement que pour y mener de la recherche, faire de la science."

>> Espace : Artemis 2, la dernière étape avant la conquête de Mars

Thomas Pesquet espère pouvoir participer aux futures missions sur la Lune et devenir ainsi le premier Français à fouler le sol lunaire. Quant à la conquête de Mars, les Américains espèrent y mettre un pied avant la fin des années 2030. Mais il faudra compter avec la concurrence de la Chine et de l'Inde.

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