Ils ont fait l'actu. Franck Couderc à la tête du camping des Flots Bleus ravagé par les incendies de juillet 2022 en Gironde
Le 18 juillet 2022, le célèbre camping des Flots Bleus, situé au pied de la dune du Pilat, sur le bassin d'Arcachon, est ravagé par les flammes durant les incendies monstres qui touchent la Gironde. Il fait partie des cinq campings détruits, lors d'un incendie à la Teste-de-Buch. Près de 7 000 hectares avaient brûlé. Heureusement, les vacanciers ont été évacués de manière préventive cinq jours plus tôt. Il n'y a pas eu de victime. Seuls les salariés sont restés sur place quand l'incendie survient ainsi que le gérant, Franck Couderc.
>> Reportage. Au camping des Flots Bleus, la promesse de faire différemment à l'avenir
Ce jour-là, Franck Couderc et ses salariés n'ont que quelques minutes pour partir. Le gérant fuit les flammes avec femme et enfants. Quelques jours plus tard, il est revenu, la boule au ventre, constater les dégâts considérables : "J'ai de la peine pour tout le travail qu'on a fait, surtout qu'on avait changé. 95% des mobil-homes", soupirait en juillet 2022, Franck Couderc. "C'était des trucs tout neuf, tout beau. Certains n'ont jamais été habités. C'est désolant, quoi !" Mais le gérant se donne alors une promesse : "On va faire tout ce qu'il faut pour repartir le plus rapidement possible." Le camping est alors détruit à 80%.
Une réouverture sur 50% de la surface
Un an après l'incendie, la reconstruction du camping continue. Au printemps dernier, les Flots Bleus ont pu rouvrir comme d'habitude, une semaine avant Pâques, le 3 avril. C'est une première victoire pour toute l'équipe mobilisée, mais cette réouverture n'est que partielle, sur seulement 50% de la surface.
Sur place, près de 200 arbres ont été abattus après le drame. Le paysage autour du camping, fondé en 1966, est radicalement différent aujourd'hui, mais l'état d'esprit reste le même assure aujourd'hui le gérant. "Le camping n'a plus d'arbres, mais on va y remédier rapidement. Ça change d'aspect, on voit beaucoup plus la dune, note Franck Couderc. Ensuite, on n'a pas reconstruit les bâtiments qui ont été détruits chez nous. On n'avait pas encore les permis de construire. Là, on commence à les obtenir petit à petit. Il y a une première construction qui va se faire normalement en fin d'année 2023 et le reste sur 2024."
"C'est un peu particulier car on a beaucoup moins d'ombre mais, contrairement aux autres collègues, on a de la chance et on a gardé pas mal d'arbres."
Franck Courdercà franceinfo
Depuis ces incendies monstres et avec ce paysage de désolation avec les arbres détruits, le gérant n'a pas baissé les bras. Il a même essayé d'en tirer le maximum. Des arbres ont ainsi été recyclés. "On a coupé les arbres et on a fait venir une scierie mobile qui nous a réalisé des planches et des poteaux. On en a fait des palissades. On essaie de ne rien perdre !"
"On aimerait faire une saison complète et sans encombre"
Avec cette méthode, le gérant ne se définit pas comme plus "écolo". Il préfère le terme de "vertueux". Franck Couderc avait déjà dans ses projets d'aménager le camping. Un permis avec le ministère avait été signé en 2019. Mais aujourd'hui, tout s'accélère. "Le fait qu'on reparte d'une page blanche, tout s'est accéléré. L'éclairage extérieur, on l'a fait en photovoltaïque. On va faire de la récupération d'eau, faire en sorte que l'on puisse utiliser les eaux grises pour les toilettes. Ce sont des choses comme ça qui vont changer, mais qui ne seront pas forcément visibles pour le client."
Pour le reste, Franck Couderc compte garder les mêmes recettes qui ont fait le succès du camping. "Il y aura le même esprit, assure le gérant. 95 % des salariés, et même des saisonniers qui sont là aujourd'hui, ce sont des gens qui ont vécu l'incendie l'été dernier. Ils ont voulu absolument revenir. Nous, ce qu'on demande cette année, c'est de pouvoir faire une saison complète. Ce n'est pas tant le chiffre d'affaires qui nous intéresse. On aimerait faire une saison complète et sans encombre. Ça nous ferait du bien au moral."
Si Franck Couderc est très optimiste, il confie que quelques jours après le drame, il a eu peur que l’entreprise ne se relève pas. "Personnellement, on a tout perdu. Je n'ai jamais connu de tels feux. Trois tee-shirts du camping, un short et une paire de baskets, c'est tout ce qui me restait. Ça met un coup au moral au début. Peu après, on relativise et aujourd'hui, je me dis, c'est que du matériel."
Des critiques des défenseurs de l'environnement
Malgré les difficultés, il l'assure "il se battra" pour conserver le camping des Flots Bleus. "On a craint, surtout le premier jour, qu'on nous empêche peut-être de redémarrer, ça fait des jaloux, des rageux. D'ailleurs, on le voit bien dans les propos tenus par certaines personnes qui voudraient nous voir disparaître. On ne sait pas pourquoi. Tant que la dune nous laissera un bout de terrain, je pense qu'on sera là et puis on se battra pour ça."
Ces critiques, elles sont portées aujourd'hui par des défenseurs de l'environnement. Face à la lente érosion de la dune, ils ont dénoncé la reconstruction sur le même emplacement, des critiques de plus en plus récurrentes. "Ce n'est rien de plus que de la jalousie, sourit le gérant. Je ne vois pas l'intérêt à ce qu'on disparaisse. De toute façon, un jour ou l'autre, on va disparaître, il faut laisser faire la nature. La dune avance de trois ou quatre mètres. On me pose tous les ans la question : 'Pourquoi on ne fait rien, pourquoi on laisse la dune nous grignoter ?' Moi, je dis qu'il faut laisser faire la nature, c'est tout. On ne va pas monter des murs partout, ça ne sert à rien !"
Le temps est compté. En raison du retrait du trait de côte, les campings seront ensevelis par le sable d'ici 10 à 25 ans, selon les estimations. En attendant, Franck Couderc espère un été quasi-normal avec cette vue unique sur la plus grande dune d'Europe. Pour ce qui sera sa 13ᵉ saison à la tête du camping des Flots Bleus.
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