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Ils ont fait l'actu : Christiane Taubira, candidate à l'élection présidentielle, "encore active, batailleuse et combative"

Sandrine Etoa-Andegue revient sur les événements marquants de l'année. Et ce sont ceux qui les ont vécus qui les racontent. L'anciennne ministre de la Justice s'est lancée dans la course à la présidentielle, sans succès.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Christiane Taubira annonce son retrait de sa candidature à l'élection présidentielle de 2022, à Paris, le 2 mars 2022. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

La marche était trop haute. À trois jours de la date butoir pour l'enregistrement des 500 parrainages nécessaires pour concourir à l'élection présidentielle, Christiane Taubira jette l'éponge, le 2 mars. Elle n'a recueilli que 181 signatures d'élus selon le décompte du Conseil Constitutionnel. Devant ses soutiens, broche aux couleurs de l'Ukraine, l'ex-garde des Sceaux dit vouloir "mettre fin à un inutile suspense" : "Malgré les promesses de nombreux élus, fes promesses qui ne se sont pas concrétisées, il est évident que nous ne réussiront pas à réunir les 500 parrainages exigés pour concourir à l'élection présidentielle."

L'ancienne ministre dit regretter "des entraves administratives" et fustige aussi les partis politiques et "leur capacité de nuisance", leur attribuant ainsi en partie la responsabilité de cet échec politique.

"J'en ai vu d'autres, j'en verrai d'autres"

Le 30 janvier, l'ancienne ministre de la Justice était arrivée en tête de la primaire populaire et ses 392 000 votants. Elle espérait alors que tous les candidats de la gauche se rangerait derrière elle, que sa stature et sa voix pèserait aujourd'hui. Christiane Taubira s'interroge encore sur ces parrainages manquants : "Compte tenu de mon parcours, compte tenu de ce que j'ai fait, compte tenu de mes engagements, compte tenu du fait que je suis parfaitement identifiée dans cette société, c'est une vraie question pour la société, pas seulement pour moi. J'en ai vu d'autres, j'en verrai d'autres, parce que j'ai l'intention d'être encore active, batailleuse et combative."

À la question de pourquoi est-elle sortie de sa retraite politique et pourquoi se lancer si tard, le 15 janvier, elle répond : "J'ai d'abord la conviction que j'ai une sommation éthique au sens ou je ne peux pas continuer à rester à l'écart. J'ai ressenti la violence – mais vraiment la violence – de l'extrême droite, son aisance, son indécence dans l'espace public, le confort avec lequel elle peut vomir sa haine. Et je me dis : non, mais tu as une part à prendre, ce n'est pas possible."

Une candidature de plus ?

Entrée en campagne, elle était créditée de moins de 4% d'intentions de vote dans les sondages d'opinion. Ses principaux adversaires dans ce scrutin de la primaire populaire (Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo), qui n'avaient participé que contre leur gré, avaient tous rejeté son appel à une candidature d'union de la gauche. Aujourd'hui, elle maintient que ce n'était pas une candidature de plus, qu'elle a répondu à l'appel des comités citoyens Taubira 2022 crées bien avant qu'elle ne se lance. La mobilisation sans faille de ces centaines de bénévoles pour convaincre les élus de lui accorder leur parrainage n'a pas suffi. "Il y a eu des sondages à sept, c'est à dire qu'il y a un moment ou il y a des personnes qui croient à cette candidature, raconte l'ancienne ministre. Mais la question pour moi, ce n'est pas une question de vanité ni d'ego. C'est justement ça, la différence. C'est que je me dis je dois entrer dans cette bataille au plus haut niveau de risque." 

"Je n'ai pas cessé d'appeler à l'union. Je n'ai pas cessé de dire que pour donner une chance à l'union, je ne réponds pas aux attaques. Moi, je ne rends pas les coups. Et puis je fais le dos rond. J'aime rendre, je me suis interdit de riposter. Je me suis dit : je donne toutes ses chances à l'union."

Christiane Taubira, ancienne candidate à la présidentielle

à franceinfo

La Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), cette union de la gauche, s'est faite sans Christiane Taubira et après son retrait. Elle n'en nourrit "pas la moindre amertume" car "il n'y aucune place pour cela dans [sa] vie". Elle ne regrette pas non plus cette aventure qui lui a permis de rencontrer des "gens formidables" qu'elle continue à voir. "Tant mieux, profondément tant mieux, déclare Christiane Taubira. J'ai presque envie d'exprimer ma gratitude. Ceci étant, je dis comme c'est moche, quand même. Comme c'est moche de n'avoir pas été capable de la faire cette union et de prendre vraiment le pouvoir. Compte tenu de l'aggravation de la situation sociale, de l'augmentation des personnes qui sombrent dans la précarité, du creusement des inégalités".

Mystère sur son avenir

Elle regrette qu'une partie de l'électorat populaire et ouvrier se tourne vers le Rassemblement national comme solution à ses problèmes : "C'est un leurre. C'est justement pour ça qu'il était urgent et impératif, impérieux même, que la gauche se retrouve, qu'elle dépasse ses détestations réciproques et qu'elle se montre à la hauteur du rendez-vous historique. C'est vraiment l'incurie de la gauche qui fait qu'elle n'apparaît pas comme ce qu'elle est au titre de son histoire et de son patrimoine idéologique, et même de son capital d'action gouvernementale." Cette incurie de la gauche, elle refuse d'y prendre sa part de responsabilité. "Non, je ne prends pas, parce que ça fait vingt-cinq ans. Franchement, je ne prends pas. La part que je prends et c'est la plus belle, c'est que je reste de gauche".

Sur son avenir en politique, elle refuse aussi de se pencher trop longuement sur son passé, ses victoires politiques comme ses échecs : "La politique, ça se pratique. La vie, ça se vit." Elle entretient le mystère sur la suite, dit vouloir faire "plein de choses" mais exclut de se représenter à une élection présidentielle ou législative. Pas de vacances non plus – "Les vacances ? connais pas !" La première fois qu'elle en a pris ça l'a rendu "malade". Mais toujours une vie de combat, comme la défense du droit à l'avortement. Toujours aussi au bout des lèvres, une citation comme celle ci, revisitée, de René Char sur son compte Twitter : "Je savais qu'à me regarder, ils s'habitueraient."

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