Quel est le point commun entre les records du Nasdaq et un concours de beauté?
Nous sommes le 31 octobre 1929 à New York. Depuis une semaine, les marchés financiers sont en ébullition…et dans ébullition, il y a bulle, la bulle spéculative qui a éclaté en ce fameux jeudi 24 octobre, le "jeudi noir". En quelques heures, l’indice Dow Jones avait perdu près du quart de sa valeur.
Mais le 31 octobre, le journaliste financier Bertie Charles Forbes, lui qui a fondé en 1917 le journal qui porte son nom, ne paraît pas particulièrement inquiet:
"D'après moi, la panique de Wall Street est passée. Il fallait que ça arrive. La spéculation boursière était devenue insensée "
S'il se trompe sur le terme de la crise, Forbes voit juste sur la cause : l’éclatement d’une bulle spéculative qui s’était constituée dans les années 1920. La spéculation avait été telle que la valeur des actions n’avaient plus rien à avoir avec la réalité entraînant une prise de conscience brutale et un comportement moutonnier entraînant l’éclatement de la bulle.C’est exactement ce qui est arrivé avec les valeurs technologiques au milieu des années 1990. La folie s’est emparée des marchés. Des fortunes sont faites en quelques semaines. Les entreprises ".com" sont valorisées à des niveaux qui dépassent l'entendement. Au début du mois de mars 2000, Jacques Chirac est encore tout émoustillé par les succès de start-up françaises à qui il rend visite à Paris :
"C'est tout à fait extraordinaire de voir une équipe qui en quelques semaines, partie de rien, parvient à s'imposer...et à gagner de l'argent!"
Mais quelques jours plus tard, la bulle éclate dans un terrible fracas. Le Nasdaq s’effondre entraînant dans son sillage les bourses européennes. Il aura fallu 15 ans quasiment jour pour jour pour que le Nasdaq retrouve son niveau maximum d’avant la crise, et le spectre de l’explosion à nouveau d’une bulle se fait à nouveau ressentir. Dans les années 1930, Keynes avait montré que la valeur des actions est toujours déconnectée de la réalité, que la bourse produit par son propre mécanisme des bulles.
La métaphore qu’il utilise est géniale. A Londres, son journal a lancé un concours de beauté. Le vainqueur sera le lecteur qui aura trouvé les six plus belles femmes parmi la centaine proposée. Mais évidemment, il ne choisit pas les plus belles pour lui, mais celles qu’il pense être les plus belles pour les autres. Ainsi, en essayant de prédire ce que feront les autres, on s’éloigne de plus en plus de la réalité.
Pour un concours de beauté, pas de grands conséquences, mais à la bourse, le retour au réel est douloureux!
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