Quand Sartre et Aron se réconciliaient pour aider les réfugiés (1979)
Juin 1979, sortant de l’Elysée, Sartre et Aron, côte à côte. Les deux plus grands intellectuels français de leur temps, fâchés par la guerre froide, l’un, compagnon de route du communisme, Sartre, l’autre farouchement libéral, Aron, ne s’étaient plus parlé ni vu depuis 1947 ! Et les voilà ensemble pour réclamer au président Giscard d’ouvrir plus grandes les portes de l’asile à des dizaines, des centaines de milliers de Vietnamiens et de Cambodgiens fuyant le communisme…, idéologie cependant toujours défendue par Sartre, à qui l’on tend le micro pour comprendre le sens de sa démarche…
"Personnellement, j'ai pris partie pour des hommes qui n'étaient sans doute pas mes amis au temps où le Vietnam se battait pour la liberté. Mais ça n'a pas d'importance, parce que ce qui compte ici, c'est que ce sont des hommes. Des hommes en danger de mort."
Ce n’est donc pas un renoncement idéologique mais bel et bien une obligation morale qui pousse Sartre à agir.
Et il n’est pas le seul, la veille, Monseigneur Etchegaray, archevêque de Marseille, avait lancé un appel à la télévision aux catholiques de France pour que chaque famille accueille au moins une famille cambodgienne ou vietnamienne. Et la classe politique n’est pas en reste. Le parti socialiste appelle à rendre possible l'accueil de 20.000 réfugiés, le R.P.R. en fait de même.
Cet élan de solidarité nationale semble bel et bien d’un autre temps. Peut-être nous sommes nous, depuis, habitués aux images de drames migratoires…
C’est dans ce contexte qu’un mois plus tard, en juillet 1979, à l’issue de la Conférence internationale de Genève consacrée à ce sujet, quinze pays, dont la France, s’engagent à accueillir 260.000 réfugiés d’Indochine. Et la France accordera au final l’asile à 128.531 personnes.
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