Quand le "culage" était un bon moyen de connaître les autres élèves (1964)
Retour en octobre 1964. L’émission "16 millions de jeunes" produite par Alain de Sédouy pour la deuxième chaîne de télévision de l’ORTF revient sur un sujet sensible en cette période de rentrée des classes : le bizutage.
L’honorable collège Stanislas de Paris, fondé en 1804 et qui accueille des élèves de la maternelle aux classes préparatoires est secoué par une affaire : un jeune préparationnaire se serait cassé la jambe en étant poussé du premier étage par des aînés . Les journalistes mènent l’enquête et posent plus largement la question du bizutage.
Journaliste: "Qu'est-ce qu'on vous a fait comme bizutage ?"
Elève en prépa HEC : "Oh rien de particulier, les trucs habituels, les chansons, le culage"
Journaliste: " Qu'est-ce que c'est un culage ?"
Elève: "Oh tout le monde sait ça..."
Journaliste qui s'adresse au directeur de Stanislas: "Pourriez-vous me dire ce qu'est exactement un culage ?"
Directeur (gêné): " Je crois bien qu'il vaut mieux pas le définir...pour les oreilles qui nous écoutent ."
A l’époque, personne ne parle de harcèlement scolaire. Le culage, pratique qui vise à frapper les fesses d’un élève soi-disant coupable d’insolence ou de rébellion, à coups de paillassons métalliques ou de gros dictionnaires, est perçu comme un moyen de connaître les autres…
Né au Moyen Age, le bizutage est au cœur de débats en 1968. Mais malgré des pratiques de moins en moins violentes, heureusement, le bizutage reste une pratique à ce point développé qu’au printemps 1998, une loi est votée au parlement l’interdisant purement et simplement, même en cas de consentement du bizuté.
Et en décembre de la même année, ce qui devait arriver, arriva:
"C'était hier à Brest le premier procès du bizutage. Sept étudiants d'une école d'ingénieur comparaissaient pour avoir fait subir aux petits nouveaux de l'école "des actes humiliants et dégradants", première application de la loi du 17 juin dernier contre le bizutage. Le procureur a requis huit jours de prison avec sursis et 2.000 francs d'amende à titre d'avertissement."
Si le bizutage n’a pas pour autant totalement disparu, il est au moins illégal. Et surtout, sa fin ne signifie aucunement la fin du harcèlement scolaire dont il constituait la partie émergée de l’iceberg. C’est à ce dossier sensible et essentiel que s’attaque actuellement le gouvernement.
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