Quand la Grande-Bretagne menaçait l'UE d'organiser un référendum (1975)
Retour au mois de mars 1974. Après des élections générales, les travaillistes reviennent au pouvoir, avec Harold Wilson comme Premier ministre. La crise économique et sociale frappe durement le pays. L'une des premières annonces de Wilson suscite une certaine panique au sein de ce qu’on appelle encore la CEE…
"La demande faite hier par le gouvernement britannique de renégocier l'adhésion au marché commun. Harold Wilson se sent soutenu par ses électeurs. Les Britanniques seront presque sûrement consultés par referendum"
On ne peut qu’être surpris quand on se souvient avec quelles difficultés les Britanniques étaient entrés dans l’Europe, essuyant deux refus gaulliens très humiliants dans les années 1960.
Et deux ans après être entrés, voilà que les Anglais menaçaient de sortir…C’est que, comme aujourd’hui, ils agitaient cette menace pour renégocier leur participation au projet communautaire, en l’occurrence la contribution nette britannique au budget européen dans un contexte de crise économique. L'ancien président de la Commission, Jean Rey, semblait alors sceptique sur la volonté de renégocier:
"Pour négocier, il faut être deux. Et le problème est de savoir si la Communauté acceptera de renégocier simplement parce que le gouvernement anglais, actuellement le souhaite"
Et pourtant, après des nuits de négociations, un compromis est enfin trouvé avec la naissance du Fonds européen de développement économique et régionale, le FEDER, qui va notamment aider les régions industrielles britanniques en grandes difficultés. Satisfait, le gouvernement travailliste organise le référendum et appelle à voter oui. Le 6 juin 1975, le "Yes" l’emporte largement (67,3%). Didier Adès s'emballe un peu...
"Après 14 ans d'hésitations, les Britanniques viennent de décider massivement qu'ils seraient européens. Albion a voté oui, suffisamment clairement pour qu'à partir de maintenant l'ambiguïté britannique au sein de la Communauté soit définitivement levée"
"Définitivement "…vraiment ?
L’organisation d’un référendum en 2017 dans un contexte de renégociation nous montre qu’une fois encore, parfois, l’histoire bégaye.
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