Peut-on faire confiance aux sondages un avant une présidentielle ?
Retour au printemps 1980. Un an avant la présidentielle de 1981, les sondages sont mauvais pour François Mitterrand qui n’a toujours pas fait part de sa décision. Pourtant, les sondeurs, eux, multiplient dans leurs enquêtes les face-à-face entre le candidat de la gauche en 1974 et le président Valéry Giscard d’Estaing.
Masquant sa colère derrière une ironie de façade, François Mitterrand donne une conférence de presse en juin 1980:
"J'ai été en effet battu une seule fois par M. Valéry Giscard d'Estaing en 1974. Mais depuis lors, tous les deux mois, non tous les mois, non tous les quinze jours, peut-être toutes les semaines, on organise le même combat et on produit le même résultat. De telle sorte que je suis obligé de le confesser: oui, c'est vrai, ce doit être la 72ème fois que je suis battu par M. Giscard d'Estaing...Ah....Difficile manière d'aborder la 73ème..."
Il faut dire que tout au long de l’année 1980, Giscard caracole en tête dans les sondages. Il est crédité de plus de 35% au premier tour au moment de cette conférence de presse de Mitterrand, qui lui, plafonne à 18%, et qui est même distancé par Michel Rocard quand on interroge les militants socialistes.
Les courbes commenceront à se rapprocher à la fin de l’année 1980 et pour la première fois, un sondage donne Mitterrand vainqueur dans un duel face à Giscard en février 1981, augurant donc très tardivement le résultat du 10 mai.
En 1994, un an avant la présidentielle de 1995, je pensais là aussi voir les sondages se tromper en annonçant encore la victoire d’Edouard Balladur et un Chirac moribond. Les archives de l’INA m’ont prouvé mon erreur:
"Pour la première Jacques Chirac rejoint et parvient même à devancer Edouard Balladur dans les intentions de vote des Français. En cas de primaire au sein de la majorité RPR/UDF, pour décider d'un candidat unique, la côte de Jacques Chirac avec 46 points dépassent maintenant celle d'Edouard Balladur, qui de 46 à 41 rétrograde de cinq points."
C’est donc un avant le scrutin que Jacques Chirac a pris le dessus sur Edouard Balladur. Deux exemples historiques qui peuvent ainsi rassurer les uns, Alain Juppé par exemple, ou les autres, François Hollande ou Nicolas Sarkozy.
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